
A Metz, surnommée “la ville d’or,” au cœur d’un quartier qui se dynamise, non loin de la Gare et du Centre Pompidou, a été inaugurée le 27 mars 2025, le très attendu Hôtel Heler****.
En 1994, Philippe Starck avait déjà réalisé l’un de ses rêves : une maison en kit, tout de bois, de verre et de zinc revêtue, disponible dans le catalogue des 3 Suisses, spécialisée dans la vente par correspondance. Il s’agit cette fois du premier hôtel entièrement conçu par le célébrissime designer, un rêve mûri depuis des années : une maison insolite sur le toit d’un immeuble monolithe de 8 étages. Si l’architecture de la maison perchée est inspirée d’une villa messine, toute l’histoire de l’hôtel raconte la vie de Manfred Heler, personnage sorti de l’imagination du designer et architecte, décrit dans son livre subtilement décalé : La Vie Minutieuse de Manfred Heler.
Manfred Heler, homme solitaire, curieux, bricoleur, vit dans une maison du XIXème siècle, héritée de ses grands parents. Aimant la lecture, il décide un jour d’aller se détendre et rêvasser, avec un livre, dans son jardin. La terre commence alors à craquer. Sa maison, ainsi que tout ce qui l’entoure, s’envole, de plus en plus haut. C’est le début de l’histoire de la maison d’Heler qui est propulsée en haut d’un édifice. Le bâtiment monolithe représente la terre qui s’est soulevée jusqu’à amener cette maison au 9ème étage.
Pour créer l’univers de Manfred, Philippe Starck – un peu magicien, un peu visionnaire – s’est inspiré d’un conte mettant en scène l’Afrique, œuvre écrite par un auteur qui n’a jamais connu ce continent. Manfred, personnage réel ou non ? Questionnement qui se posera tout au long de la maison Heler, truffée d’indices qui donnent sens et charme à cette aventure…
Belles matières et objets fantasques

avec les tonalités, références au passé sidérurgique
de la région lorraine


Dès l’entrée par la porte principale, le visiteur pénètre dans l’atelier de Manfred Heler, aux couleurs monochromes allant du gris du béton (plafond et murs) au noir (tables, chaises, tapis…), en passant par le blanc (coton), des tons choisis en référence au passé sidérurgique de la région lorraine. Un endroit où l’inventeur passe la majeure partie de son temps à créer, et où l’on peut voir, exposées dans des vitrines, quelques petites inventions étonnantes qu’il a pu imaginer et créer dont le très raffiné “marteau pour travaux délicats”.
Des objets fantasques inspirées de ce mémorable Catalogue des objets introuvables de Jacques Carelman (1969) qui démontre la capacité de l’esprit humain à inventer à tort ou à raison.
Le restaurant s’ouvre sur une large terrasse et s’entoure d’un beau jardin arboré.
L’Ode à Rose…
Au fond de l’atelier-retaurant, se trouve la Cuisine de Rose. Manfred souhaitait dédier un espace à sa bien aimée tant désirée mais à laquelle il n’aurait jamais trouvé ni le courage ni le moment pour lui déclarer sa flamme. Il s’est donc contenté de semer de part et d’autre de petites références en dissimulant quelques touches de rose – teinte qui représente la délicatesse, la finesse, l’élégance – afin que sa muse comprenne, lors de ses passages dans l’atelier, qu’elle est celle que Manfred aime : le bar entièrement revêtu de carrelage rose, la vaisselle, les couverts, les discrètes lampes de table. Pour Manfred, tout ce ce qui est rose est… Rose.

Cette brasserie chic, ouverte à tous, Messins et Mosellans, résidents de l’hôtel, clientèle internationale de passage, présente une carte de saison, composée de produits locaux. Pour le petit déjeuner, brioches aux pralines roses, madeleines, miel des Vosges, confiture et délicieux jus de mirabelles, provenant des Vergers partagés de Lorraine.
Plats sains et revigorants inspirés de la cuisine traditionnelle régionale : soupe de betterave de la ferme de Domangeville, lotte et sa crème cococurry, risotto de légumes… En dessert, tarte du jour, île flottante ou éclair XL.
Au-dessus du bar, un avion spectaculaire, bricolé par Manfred qui recherchait un moyen de se déplacer.

Jeux de lumière, de miroirs, alphabet secret…
Ambiance feutrée du superbe ascenseur, aux murs et plafond tapissés de miroirs, qui conduit au premier étage où cinq salles de réunion modulables peuvent accueillir tous types d’événements : privés, conférences, séminaires… Un long couloir mène à la salle de fitness. Au sol, le tapis est imprimé de signes du zodiaque et autres symboles mathématiques. Comme Manfred Heler parle et écrit avec son propre langage codé, son alphabet figure sur la vaisselle, les murs, le mobilier…
Philippe Starck a dessiné les 104 chambres de l’hôtel, logées sur 8 étages, et parées d’un luxe épuré et fonctionnel. Soit 15 chambres par étage, réparties en 5 catégories : standard, supérieures de luxe, suites juniors et la suite Manfred au 9ème étage, 64m2, et qui se compose d’un salon,
d’un espace chambre avec lit king size, de deux dressings et d’une magnifique salle de bain avec baignoire et douche.





Après la discrétion du couloir, place au contraste car dès l’entrée
dans les chambres, jaillit la lumière au travers de larges fenêtres.
Espaces intimes confortables. Matériel brut : mélange de béton, de marbre, de noyer et tonalités sobres en référence à l’histoire de la Lorraine.
Elégance fonctionnelle, grands panneaux de marbre et miroirs coulissants. Sans oublier les messages-symboles et citations poétiques tirés de l’alphabet de Manfred, gravés sur le mobilier, les pièces de monnaie anciennes disséminées sur les murs, et dont la traduction se trouve dans les penderies.




La Maison de Manfred, un lieu unique
Au neuvième étage de l’hôtel, découverte de l’intérieur de la Maison de Manfred, maison lorraine du XIXème siècle, envolée vers les étoiles et flanquée d’une vaste terrasse-rooftop. L’oeil est attiré par le bar longiligne et le vitrail monumental dessiné, comme les 18 autres entourant le restaurant, par Ara Stark, fille artiste du créateur visionnaire. “A midi, le soleil brille de mille feux et darde ses rayons sur ces vitraux qui font danser
la lumière sur le sol. Chaque jour, un autre dessin… “, mentionne Alexandre Panorfio, Guest Relation Manager, qui ne se lasse pas d’admirer le jeu changeant des couleurs sur les tapis.




La salle à manger Manfred a tout d’un cabinet de curiosités : objets chinés, insolites, marbre, cuir, carreaux de terres cuites, mobilier en bois et
cuirs naturels, chaises subtilement sculptées. Et partout, des photos, souvenirs de l’histoire d’un lieu qui existait – peut-être – avant d’être perché.
On y déguste une cuisine locale : menu décliné en cinq plats fétiches, tartare de Montbéliard, huître au jambon de pays et sorbet cornichon,
œuf lorrain et son écume de lard… Tous les jours, un Tea-Time autour d’une offre salée et sucrée.



Ambiance bienveillante au Bar de Manfred, où se goûtent tous les classiques du cocktail mais également des recettes nées de l’imagination de Manfred, ou inspirées de ses déclarations d’amour pour sa muse, Rose, tel le cocktail
M+R : cognac infusé à la truffe de Meuse et
à la cerise Amarena.



Au sommet de ce bâtiment flamboyant, 100% Philippe Starck, et nouveau lieu de vie pour Metz, la grande terrasse arborée, avec vue imprenable sur la ville d’où émergent, entre autres, la gare, le Centre Pompidou et la belle cathédrale Saint-Etienne.
Maison Heler**** : l’insolite mis en scène dans un lieu de rêve, où tout raconte une histoire…


© Julius Hirtzberger / Maison Heler

Maison Heler Metz
31 Rue Jacques Chirac,
57000 Metz, France

livre publié chez Allary Editions