
La nouvelle présentation des Beaux-Arts aborde la représentation de l’enfant dans l’art suisse, de 1830 à 1930. En quatre sections – la maternité, l’enfant en famille, l’enfant en société, la souffrance de l’enfant – l’accrochage esquisse l’image de l’enfant avec des tableaux et
des sculptures provenant des collections du MAH et rarement, voire jamais montrées. A voir jusqu’en janvier 2021.
Aux débuts de la peinture occidentale, la représentation de l’enfant se cantonne à l’enfant divin, à une forme allégorique ou mythologique ainsi qu’à des portraits princiers ou aristocratiques où il est le plus souvent représenté en adulte miniaturisé. (Visuel ci-dessus : au premier plan, portrait d’Odette Ferrier, sœur de l’artiste Roger Ferrier, 1929 – Carl Albert Angst, 1905, par Annette Angst).
La représentation de l’enfant évolue…
Un tournant s’opère au XVIe siècle aux Pays-Bas et en Italie, au XVIIe siècle en Espagne et en Angleterre et au XVIIIe siècle en France. Avec les changements économiques, l’émergence d’une bourgeoisie commerçante, les bouleversements religieux de la Réforme et de la Contre-Réforme,
la représentation de l’enfant évolue. Les artistes sont alors sollicités pour réaliser des portraits, marques des liens affectifs familiaux.

Léon Gaud – La fille de l’artiste à l’âge de 8 ans. Vers 1881. Huile sur toile. Legs Louise Gaud.
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Un être à part entière
A partir du siècle des Lumières, l’enfant commence à être considéré comme un être à part entière. Ses besoins, ses particularités, son éducation,
sa santé et son hygiène deviennent objets d’études pour les philosophes, les biologistes et les médecins. Les premiers romans d’éducation voient le jour avec l’Émile de Jean-Jacques Rousseau qui livre une vision innovante de l’enfance. Le thème atteint son apogée au XIXe siècle autant dans la littérature – nouveaux personnages populaires comme Oliver Twist, Heidi ou Le Petit Lord Fauntleroy – que dans les arts plastiques.
Cette nouvelle présentation met à l’honneur des artistes suisses parmi lesquels se trouvent Albert Anker, Wilhelm Balmer, Daniel Ihly, Alfred van Muyden, Martha Stettler, Élisabeth de Stoutz ou encore le sculpteur Carl Angst.



Paul Friedrich Wilhelm Balmer, 1903
Des « Vierges à l’enfant » italiennes et flamandes de la fin du Moyen Âge aux maternités de Pablo Picasso, la relation entre une mère et son nourrisson n’a cessé d’inspirer les artistes. Le rôle essentiel est sttribué à la mère, protectrice d’un petit être avec lequel elle entretient une relation exclusive. Le langage de son corps, ses gestes et son regard, empreints d’une grande tendresse, témoignent de cette intimité. L’allaitement vient parfois souligner le caractère fusionnel de cette relation.


A gauche, au centre, portrait de la jeune
Louisa Booth, par Jacques-Laurent Agasse.
Vers 1829/1830
Dès la fin du XVIIIe siècle, la « famille bourgeoise » s’affirme dans toute l’Europe pour connaître son apogée au siècle suivant. Bonheur conjugal et bonheur parental s’allient pour former une unité harmonieuse dans laquelle les enfants évoluent avec une relative liberté. Les scènes de genre intimistes et informelles répondent à cette nouvelle réalité. Plus tard, les artistes impressionnistes se montrent sensibles à ces sujets parmi lesquels figurent surtout des femmes comme Mary Cassatt, Berthe Morisot ou encore la Suissesse Martha Stettler.


Expérience de la cohabitation
En même temps que la société reconnaît à l’enfance son statut particulier, elle s’attelle à ériger des structures permettant de garantir un passage vers l’âge adulte en toute sécurité. L’école est devenue obligatoire pour les garçons et les filles dans la deuxième moitié du XIXe siècle. L’église dispense un enseignement religieux via le catéchisme. C’est en jouant, seul ou avec ses frères et sœurs ou ses amis, que l’enfant expérimente la vie et la cohabitation. L’artiste genevoise Élisabeth de Stoutz se distingue par l’attention toute particulière qu’elle porte à cette thématique.


Charles Menn – Les Petits Pêcheurs déçus, 1855
L’enfant dans l’art suisse : d’Agasse à Hodler
Musée d’art et d’histoire ~ Rue Charles-Galland 2 CH–1206 Genève
Salle 15 de l’étage des Beaux-Arts
Tél. : +41 (0)22 418 26 00
Fermé le lundi ~ Entrée gratuite