Haut-lieu historique et industriel de Franche-Comté, la Grande Saline de Salins-les-Bains, classée monument historique, a été reconnue Patrimoine mondial de l’UNESCO en juin 2009. Du mur d’enceinte entourant la Grande Saline de Salins-les-Bains, il ne reste que la porte d’entrée en pierre. L’œil est attiré par les murs en pierre de taille des magasins des sels, surmontés de toits aux tuiles plates, et surtout par les grandes cheminées qui trônent au-dessus de la salle des Poêles où l’eau était chauffée pour en extraire le sel après évaporation. Cet édifice est le seul rescapé des quatre bâtiments des poêles. La dernière poêle conservée en France est en cours de restauration : charpente en lourdes poutres en bois, cheminée datant de 1859.. Le sel, “l’Or Blanc
La Franche-Comté est parcourue dans ses profondeurs par un banc de sel gemme datant de ldeviendrarvation des aliments. Le selarnes et de calcaoires. Le territoire de la Frnache-Comté est travparsemé de sources, de am’ère secondaire et résultant de la présence de la mer qui recouvrait l’Est de la France, il y a 215 millions d’années. Le banc de sel gemme situé au niveau de Salins a été enfoui sous 250 m de marnes et de calcaires (Photo Salins-les-Bains).
La Grande Saline de Salins-Les-Bains utilisait les sources d’eaux salées comme matière première.
Le sel, “Or Blanc”, était obtenu par évaporation artificielle, par opposition aux marais salants. Pour pratiquer l’évaporation de ces saumures (eau salée), le bois a servi de combustible pendant plusieurs siècles, nécessitant d’importantes
coupes dans les forêts environnantes. Site d’exploitation du sel ignigène (évaporation de la saumure par le feu) parmi les plus anciens connus, la Saline de Salins-les-Bains illustre l’histoire des techniques de fabrication du sel à partir du captage de sources d’eau salée profondes, de l’utilisation du feu pour l’évaporation de la saumure et la création d’un saumoduc (photo ci-contre) de 21 km qui acheminera, de 1780 à 1895, de la saumure jusqu’à la Saline Royale d’Arc-et-Senans.
Galerie souterraine monumentale
Dans la salle d’accueil de la Saline, des cartes montrent les principaux sites de production du sel en Europe, les grandes zones salifères dans le monde. Au fond, un magnifique tableau représente Salins en 1628, peint par Nicolas Richard vers 1630-1651 (Photo saline de Salins-les-Bains).
La visite de la Saline de Salins débute dans de monumentales galeries souterraines (165 m de longueur) du XIIIème siècle, sous des voûtes en plein cintre, reliant deux puits dont l’un est encore équipé d’une pompe hydraulique avec le griau, perche à long balancier et contrepoids, qui permettait de puiser l’eau salée à travers le banc de sel gemme.
« Outre le receveur général, le contrôleur, les gardes attachés à la saline, des portiers étaient jadis chargés de fouiller les ouvriers et ouvrières qui sortaient des salines. Les sanctions vis-à-vis des personnes conservant du sel sur eux, pouvaient être terribles », explique Yann Garnache, dynamique directeur de l’office de tourisme Salins-les-Bains qui fait goûter l’eau – très – salée s’écoulant d’une fontaine.
Dans la salle suivante, on découvre les fours où des ouvriers entretenaient le feu. Au-dessus, la poêle que d’autres hommes remplissaient de saumure jusqu’à évaporation de l’eau qui pouvait durer entre 17 et 18 heures. Entreposé dans une salle voisine, une partie du sel était mélangé à de la poudre rouge afin de le distinguer du sel destiné à l’usage domestique (Photos saline de Salins-les-Bains).
Et l’on peut s’imaginer les conditions pénibles du travail des sauniers pour récolter l’or blanc, nuit et jour, autour des cuves d’évaporation et de cuisson : vapeur suffocante, chaleur voisinant les 90°. « Les reins prenaient un sacré coup. Il fallait faire attention à ne pas se brûler avec l’eau chaude de la poêle, et le sel creusait les gerçures. Ici, pas de wagonnets mais des chariots à bras pour transporter le sel », explique un des anciens ouvriers de la saline, dans un film narrant la vie des ouvrières et des ouvriers du temps des salines. Le sel était également exporté, principalement vers l’Est de la France et en Suisse, selon des documents de l’époque : « Tous les sels formés dans les salines de Salins se délivrent tant aux cantons suisses, qu’aux habitans de la province de Franche – Comté. Ceux – ci n’ont que du sel en pains, & le sel en grain, appellé sel trié, est uniquement destiné pour les Suisses (…). Il y a d’anciens traités entre le roi & les cantons catholiques du corps helvétique pour une fourniture au volume de 8250 bosses de sel en grains. Ces sels sont fournis par préférence, & rendus aux frais du roi dans les magasins de Grandson & Yverdun en Suisse, où ils sont livrés à chaque canton à un prix fort au – dessous de ce qu’il en coute pour la formation & pour la voiture ».
Salaire et gabelle
Le sel a aussi été un moyen d’échange une monnaie ou un impôt, comme en témoigne l’étymologie des mots « sel » et « salaire », en latin salarium. La légion romaine étant payée pour moitié en argent et autre moitié en sel.
Le rôle du sel comme approvisionnement militaire perdura jusqu’à l’invention de nouvelles techniques de conservation des aliments. En raison de ses vertus de conservation de la viande, du poisson, du beurre et du fromage, le sel devint un ingrédient indispensable. Il sera taxé pendant plusieurs siècles via un impôt spécifique : la gabelle, apparue sous Louis IX. Cette taxe permanente, variable suivant les provinces, deviendra si impopulaire qu’elle entraînera des exodes ruraux massifs, déclenchera des guerres et sera une des causes de la Révolution française.
Les salines de Salins-les-Bains ont joué un rôle primordial dans l’histoire de la ville et de la région. La Grande Saline de Salins-les-Bains fut en activité pendant 1’200 ans, jusqu’en 1962. Après une production de 5’600 quintaux entre 1948 et 1952, les 10’000 quintaux récoltés dans les dernières années ne suffisaient à rentabiliser la saline. L’évolution des techniques, le manque de place, la conservation par le froid (frigidaires et autres), auront raison de la Saline de Salins, devenue propriété de la ville depuis 1966.
Le Musée du sel
Intégré à l’architecture existante, le musée du sel permet de découvrir l’histoire du site et de l’exploitation du sel du Néolithique à nos jours.
Servi par une mise en scène raffinée, le Musée du Sel propose également des témoignages inédits, des commentaires sonores, une projection de films, une collection d’objets techniques qui aident à mieux comprendre la dimension millénaire de l’industrie salinière comtoise et le travail des sauniers : pelles attachées à de grandes perches de bois, râbles de fer pour retirer les braises du feu… Et des vestiges de saumoducs, tronçons évidés, en bois et fonte, qui servaient à transporter la saumure puisée à Salins et destinée à la saline d’Arc-et-Senans. Cette canalisation était double : l’une transportait les eaux faibles en sel, l’autre, les eux supérieures, soit 135’000 litres par jour.
Le musée comprend aussi un atelier pédagogique où les enfants apprennent à évaporer de l’eau salée afin de repartir avec un petit sachet de sel. Et des caramels salés, spécialités de la région…
Aujourd’hui ville d’eau, l’économie de Salins a été basée pendant plusieurs siècles sur l’exploitation du sel. Actuellement, des concerts sont donnés dans la galerie souterraine de la grande Saline, lieu insolite, émouvant et à l’acoustique parfait.
Texte et photos : Françoyse Krier
www.doubs.travel
www.jura-tourisme.com
Voir aussi :
La Saline royale d’Arc-et-Senans (France) chef d’œuvre du siècle des lumières