Inauguré à Moulins en juillet 2006, le Centre National du Costume de Scène et de la scénographie (CNCS) célèbre ses 10 ans. Ce lieu de prestige est entièrement consacré à la conservation, l’étude et la valorisation d’un ensemble de 9’000 costumes de théâtre, d’opéra et de ballet et de décors de scène. Les plus prestigieuses collections au monde y sont conservées.
(Photo cncs)
Situé à Moulins, dans l’Allier, le Centre national du costume de scène (CNCS) occupe une partie du Quartier Villars, ancien quartier de cavalerie datant de la fin du XVIIIe siècle, classé Monument historique.
Inauguré le 1er juillet 2006 et classifié Musée de France depuis 2009, le CNCS représente la première structure de conservation, en France et à l’étranger, vouée au patrimoine matériel du théâtre dont la mission consiste en la conservation, l’étude et la valorisation de l’ensemble de plus de 9’000 costumes de théâtre, d’opéra et de ballets, et toiles de décors peints.
Façade du CNCS (@ Marc Luczak)
Talent et savoir-faire mis en valeur
Du spectacle, il ne reste souvent qu’un souvenir. Souvenir d’un air d’opéra, d’un pas de deux, d’un jeu d’acteurs, d’un décor riche ou minimaliste, et de costumes somptueux ou épurés. Patrimoine matériel des spectacles, décors et costumes sont souvent les seules traces tangibles qui nous rappellent, des mois voire des années plus tard, une représentation. Certains d’entre eux sont conservés au cncs et retrouvent, le temps d’une exposition tout leur éclat.
Déposés par la Bibliothèque nationale de France, la Comédie-Française et l’Opéra national de Paris, ou par des dons de la part de théâtres, de chorégraphes, de costumiers (Christian Lacroix, Frank Sorbier…), de particuliers ou de collectionneurs, ces costumes représentent un témoignage du talent et de la créativité de ceux qui les ont créés, du savoir-faire des ateliers qui les ont réalisés. Les plus anciens datent de la seconde moitié du XIXe siècle. Une fois intégrés dans les collections du CNCS et ayant acquis le statut d’objets patrimoniaux, ils ne seront plus jamais portés sur scène mais conservés, étudiés et exposés.
Conservation des textiles
Le bâtiment contemporain qui sert de réserve est un véritable coffre-fort de béton revisité par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, soit 1730 m2 de travées immaculées où armoires et tiroirs abritent tutus, chapeaux, masques, chaussures, costumes suspendus à des cintres rembourrés. Sur trois étages, les rangements peuvent contenir environ dix mille costumes. Au rez-de-chaussée, s’effectue le travail de conservation: inventaire, marquage, dépoussiérage, mannequinage, photos, préparation des costumes pour des expositions. Préalablement traités, les costumes font l’objet un constat d’état. Les causes de leur endommagement sont diverses : intensité de la lumière, humidité et température, poussière, insectes, manipulation… Dans le cadre de la politique de conservation préventive, plusieurs actions s’avèrent nécessaires : contrôle des conditions climatiques, dépoussiérage, création de supports spécifiques pour costumes et accessoires (chapeaux, masques, chaussures…).
Matières fragiles dans un décor théâtral
« Le textile – fibres naturelles, broderies, brocart – est trop fragile pour être montré de manière continue, c’est pourquoi nous ne programmons que des expositions temporaires. Chacune est conçue dans une scénographie théâtralisée, par des scénographes issus du milieu du théâtre, de la mode et de la couture … » explique Vincent Foray, administrateur.
Cette expérience de décentralisation culturelle constitue un atout pour Moulins, comme le Centre Pompidou à Metz et l’annexe du Louvre inauguré à Lens en décembre 2012.
Les salles du rez-de-chaussée servaient jadis d’écuries pour les chevaux. Un magnifique escalier monumental en pierre blonde de Coulandon mène au premier étage. L’auditorium de 100 places offre une programmation de films documentaires en continu.
(Photo Françoyse Krier)
Café-brasserie griffé Lacroix
A l’heure du déjeuner ou pour une pause gourmande dans la journée, le restaurant Café-Brasserie vous accueille dans une atmosphère unique. Le temps d’un en-cas ou d’un repas dans un décor signé Christian Lacroix – président d’honneur – et propose des instants gourmands, toute l’année.
Par beau temps, le long des tilleuls taillés de manière à former des allées rectilignes et parallèles, des chaises longues invitent au repos.
Espace permanent dédié à Rudolph Noureev
Au du rez-de-chaussée, les trois travées attenantes à l’accueil ont accueilli, début 2013, un espace permanent dédié à la Collection Noureev : vie et parcours de ce danseur et chorégraphe génial, effets personnels et mobilier lui ayant appartenu comme un canapé de velours provenant de l’appartement de Maria Callas, son passeport, sa casquette, des habits de scène et portés dans la vie quotidienne, des tableaux et des tapis qu’il collectionnait, tissus et costumes (une veste dorée, un châle qu’il affectionnait…), objets personnels, œuvres d’art, meubles, maquettes de décors, nombreuses photos…
« On vit parce qu’on danse, on vit tant qu’on danse. Tant qu’on dansera mes ballets, je resterai vivant… ». Ces mots témoignent de tout l’amour de Rudolf Noureev pour la danse, la chorégraphie et les belles choses…
« Je souhaite (…) voir mon nom perpétué sous la forme d’un musée ou d’une galerie d’exposition commémorant mon style de vie et ma carrière…». Avec cet espace de plus de 350 m2, le CNCS a répondu au vœu formulé par le danseur sur son testament, personnalité au charisme exceptionnel. La Fondation Noureev a fait don au CNCS d’une grande partie des biens de cette personnalité de la danse. Et le Centre National du Costume de Scène a souhaité la date de 2013 pour commémorer les vingt ans de la disparition de ce danseur d’exception, présentant ses travaux de chorégraphe, mais également des aspects plus privés de sa vie. : tissus et costumes (une veste dorée, un châle qu’il affectionnait…), objets personnels, œuvres d’art, meubles, maquettes de décors, nombreuses photos, de son sac de voyage et de nombreux objets que Noureev dénichait lors de ces promenades à travers le monde…
Un film retraçant la vie et les étapes importantes de sa vie de danseur passe en boucle. Pas de deux, interviews, chorégraphies, dont Cinderella avec Sylvie Guilhem et Charles Jude, et même une apparition et chorégraphie au… Muppet Show ! Particulièrement émouvant, un gros plan sur les pieds nus et presque déformés de ce travailleur acharné et rigoureux qu’était Noureev.
Actuellement directeur du Ballet de l’Opéra de Bordeaux, le danseur-étoile Charles Jude, fils spirituel et fidèle ami de Noureev, évoque quelques souvenirs : « Je garde en moi tous les souvenirs que me rappellent ces objets familiers côtoyés chez Rudolf Noureev, de son vivant. D’ailleurs, pour moi, il est toujours vivant. Il avait une trentaine d’années quand je l’ai connu et nous avons été amis pendant 20 ans. Je l’ai accompagné jusqu’à la fin. Il était comme un frère pour moi, ma famille… ».
… Le soleil décline et la façade de l’ancien quartier de cavalerie se colore de rose. Regards sur la ville, de l’autre côté de la rivière Allier : les clochers, le beffroi, le charme et la douceur de vivre de Moulins. (FK/dp)
(Photos Françoyse Krier)
Centre national du costume de scène / Quartier Villars / Route de Montilly
France – 03000 Moulins