
Robe bustier avec corset en dentelle et guipure brodée de cristaux, jupe en foulards de tulle or plissé soleil pour Valérie Bègue élue Miss France 2008
Les Soieries Bonnet constituent le plus important fonds du patrimoine de l’industrie textile à l’échelle internationale. Implantés au cœur de Jujurieux, les établissements Bonnet ont profondément marqué l’histoire, le paysage et les mémoires de ce village du Bugey.
Claude Joseph Bonnet (1786-1867), fondateur des Soieries Bonnet, apprend à tisser les étoffes chez un maître tisseur lyonnais. Après deux années d’apprentissage, il aura la capacité financière d’acheter des cocons.
La Fabrique au village : en 1835, Claude Joseph Bonnet acquiert à Jujurieux 120 ha de terrain sur lequel il fera bâtir une manufacture (filature, moulinage et tissage) ainsi qu’un pensionnat destiné aux jeunes filles recrutées dans la région – puis en Pologne et en Italie. Celles-ci, sous la houlette des sœurs de l’orde de St-Joseph de Bourg-en-Bresse « qui y font régner une discipline presque monacale », s’occupent de l’élevage des vers à soie, du dévidage des cocons ainsi que des différentes étapes de préparation de la soie, tout en suivant des cours à l’Ecole ménagère (cuisine, couture…). A partir de 1850, des ateliers de dévidage et de tissage à domicile s’établissent à Jujurieux et environs, développant ainsi le travail à domicile dans la région du Bugey.



Si l’ascension de la «maison Bonnet» fut rapide entre 1817 et 1830, date à laquelle il est considéré comme le premier fabricant de Lyon, le 20ème siècle s’est avéré être une période difficile : les années 30 voient le déclin du pensionnat qui sera détruit en 1945. En 70, premiers licenciements. Les attentats sonnent le glas des marchés américain et du Moyen Orient. L’usine arrête définitivement sa production en novembre 2001. Depuis, les bâtiments inscrits aux Monuments historiques abritent 74 métiers à tisser à l’arrêt et plus de 33’000 dessins textiles. Le département de l’Ain a racheté les célèbres collections.



Carte blanche à Nicolas Fafiotte
Le Musée des Soieries Bonnet a convié un célèbre enfant du pays, le couturier Nicolas Fafiotte, originaire d’Oyonnax, à présenter des pièces iconiques de ses collections. Au cœur de l’usine de tissage de Jujurieux, le public peut admirer dix robes uniques portées pour la plupart lors des soirées Miss France notamment par Sylvie Tellier, pour qui il a confectionné des robes d’exception.
La complicité entre Sylvie Tellier et Nicolas Fafiotte naît en 2002 lorsqu’elle est à la recherche d’une robe pour sa participation à l’élection de Miss France qui verra sa consécration à ce titre prisé. Elle reste fidèle au créateur, qui intègre alors le cercle restreint des partenaires du célèbre concours.
Nicolas Fafiotte a fait ses débuts à Paris, au début des années 2000, au sein de la maison de haute couture Emmanuel Ungaro avant de s’établir à Lyon, entre Bellecour et quai de Saône, et d’y fonder sa propre marque. De 2013 à 2019, il devient partenaire du Live Show d’Etam Lingerie organisé chaque année pour l’ouverture de la Fashion Week parisienne et confectionne jusqu’à plus d’une centaine de pièces pour ces soirées d’exception : corsets, serre-tailles, guêpières et autres créations originales souvent richement brodées…

Robe smoking noire en crêpe et satin de soie, dentelle plumetis, réalisée pour Sylvie Tellier à l’occasion de l’élection de Miss France 2019, portée dans le film « Miss » de Ruben Alves en 2020
Robe en crêpe de soie et dentelle guipure, dos nu inversé, manches ballons en mousseline de soie.

Bustier-short intégralement rebrodé de cristaux et sa traine en tulle argent. Tenue réalisée pour Iris Mittenaere, Miss France 2016 et Miss Univers 2017, à l’occasion des cent ans de l’élection de Miss France en 2021.
Robe de bal en doupion de soie jaune, bustier drapé et nœud XXL.

Robe composée d’un bustier à basques en ottoman et d’une jupe fourreau en dentelle rouge de la maison Darquer rebrodée de cristaux, un manifeste du savoir-faire exceptionnel de Nicolas Fafiotte et des « petites mains » de son atelier lyonnais.
Fidèle à l’exigence de la haute couture française, Nicolas Fafiotte conçoit des robes de soirée d’exception, des robes de mariée spectaculaires ou raffinées. Si la dentelle est l’une de ses matières préférées, le couturier travaille également le mikado, tissu très précieux provenant d’une ancienne technique japonaise de traitement de la soie qui rend le tissu légèrement granuleux, lui conférant une brillance et un tombé particuliers. Ainsi que le doupion, appelé également shantung, soie sauvage reconnaissable aux petites boules irrégulièrement réparties sur sa longueur.
A admirer au cœur de l’usine de tissage de Jujurieux jusqu’au 12 novembre 2023. En parallèle de l’exposition « Luxe, Mode et Intimité ».
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Luxe, mode & intimité

Les dessous des soieries
Une exposition qui habille et déshabille les modèles et en disent long sur l’évolution de la condition féminine : corset, crinoline, soutien-gorge, gaine, bas nylon et collants… Cachés ou révélés, sculptant le corps ou assurant son maintien, les sous-vêtements ont joué un rôle déterminant dans ce monde de l’être et du paraître.
Du 19ème siècle à nos jours, l’ampleur des jupes, des manches, la position de la taille ou le port du pantalon témoignent des transformations de la société. Les étoffes des Soieries Bonnet soulignent l’importance des matières dans cette industrie de la mode et de la haute couture, dont l’univers du luxe s’est emparé.



Tissu Or liquide, métal, soie, viscose
Madeleine Vionnet

de soie. Tour de cou broderie de perles
et pierreries. Madeleine Vionnet
… et les dessous de l’usine-pensionnat
De l’autre côté du miroir, l’exposition met aussi en lumière les conditions de vie et la condition modeste des « petites mains » de la maison Bonnet, l’usine-pensionnat – véritable organisation sociale, morale et religieuse, qui a accueilli plus de 13’000 jeunes filles sur plus d’un siècle.
A la mort de Claude Joseph Bonnet, en 1867, ses petits-fils équiperont les usines de Lyon et de Jujurieux de métiers à tisser mécaniques jacquard. A nouvelles machines, nouvelles productions : fibres artificielles comme le viscose, synthétiques comme le lurex. Et nouvelles installations : cité ouvrière, économat, infirmerie, maternité, crèche, garderie, chapelle…
En 1999, les bureaux lyonnais disparaissent et l’usine de Jujurieux devient le dernier bastion des Soieries Bonnet. L’usine est accessible uniquement en visite guidée.

Luxe, mode & intimité



Soieries Bonnet
19 bis, Rue Claude Joseph Bonnet 01640 Jujurieux
Ouvert jusqu’au 12 novembre 2023 – du mardi au dimanche.
Tarifs : Adulte 8 €, Enfant (7-12 ans) 6 €.
Billet couplé Cuivrerie de Cerdon : Adulte 12€ – Enfant 6€
Expositions “Luxe, Mode et Intimité” et “Carte Blanche à Nicolas Fafiotte”: offerte avec la visite guidée.
Horaires des visites guidées : 11h, 14h30 et 16h (sous réserve de modifications)

Voir aussi :
Vallée de l’Ain ~ La Cuivrerie de Cerdon : héritage industriel exceptionnel
https://www.fykmag.com/jujurieux-musee-des-soieries-bonnet-br200-ans-dhistoire-de-production-textile/