La Galerie Catherine Niederhauser présente les œuvres de Liane Mathes Rabbath, artiste luxembourgeoise de naissance libanaise de coeur, qui vit et travaille au Liban. Tombée sous le charme du papier de Damas, elle découpe, roule, peint, colle, ce papier de cigarette fin et satiné, pour obtenir – et offrir – des fragments de rêves… A admirer jusqu’au 14 mars 2020.
Elle en a parcouru des kilomètres entre la Moselle luxembourgeoise, pays de son enfance, et le Liban où se trouve son foyer et son atelier, en passant par la Suisse. Car les études de Liane l’ont conduite à L’Ecole hôtelière de Lausanne et à Genève, dans le domaine des finances. La rencontre avec celui qui deviendra son mari fera qu’elle le suivra dans son pays, le Liban, vers une nouvelle vie faite de déplacements. Liane installera son atelier à Beyrouth. C’est là que commence l’aventure Art et Créativité pour cette artiste qui navigue alors entre les couleurs de son pays d’adoption et la palette de son pays natal.
Car après avoir développé sa vision créative dans les ateliers de grands peintres qui lui transmettront la maîtrise du collage, Liane renforcera ses connaissances à la LAU (Lebanese American University) où elle obtiendra un diplôme section Beaux-Arts.
CARROUSSEL D’ÉTÉ, 50 cm diamètre, 2018, Technique Mixte sur Toile // TOKYO, 35x35cm, 2014, Technique Mixte sur Bois // HAPPY TIMES !, 100x100cm, 2019, Technique Mixte sur Toile
Univers imaginaire, bulles, cylindres, cercles
Dans les années 2000, c’est la découverte du papier de Damas, orné d’arabesques et motifs calligraphiques ou géométriques. Sous les doigts de fée de Liane, il est découpé en fines bandes horizontales verticales, obliques, roulé, peint puis roulé à nouveau en cercles de différentes dimensions dont certains atteignent 1,5 m de diamètre : « Le design illustrant ce papier a quelque que chose de très original et de moderne à la fois. C’est fantastique de constater ce papier qui existe en deux versions est le même depuis plusieurs générations. On me fait la réflexion que Damas est en Syrie. L’usine fabriquant ce papier a toujours existé au Liban, mais c’était à l’époque de la grande Syrie, donc la marque y a été fondée et il s’agit bien du papier de Damas », mentionne Liane qui explique sa façon de travailler, sans en dévoiler toutes les subtilités. Elle n’utilisera désormais que du papier blanc : « Je le travaille en plusieurs phases. D’abord la préparation du papier que je roule dans un premier temps. Il m’a fallu des mois, voire des années de recherches avant de trouver le nombre de fois que je dois tourner, tordre ce papier si fin… Je voulais aussi trouver de la force dans les couleurs. Et cette force on ne peut pas la trouver dans le papier à plat. D’où le gros travail de recherche effectué dans mon atelier ». Dès les années 2015, Liane entre dans la période ” Arty Bubbles ” et ne travaille plus que le papier à rouler.
Clutchs. sacs et éventails
Plaisir de l’oeil, compositions de couleurs éclatantes, tons de mauve, orangé, rouge et rose brûlants, vert émeraude…
Liane Mathes Rabbath présente aussi des sacs de tailles différentes de façon à pouvoir s’en servir à chaque moment de la journée, des sous.verres et de jolis éventails : « Pour ces accessoires, je prends de photos de mes tableaux, je les imprime sur du tissus, jouant avec les couleurs qui ne sont pas nécessairement celles des tableaux ».
Au palmarès de cette artisane voyageuse, une liste impressionnantes et prestigieuses expositions, l’amenant à présenter les mille et une facettes de son art de Beyrouth à Paris, en passant par Dubai, Bruxelles, Washington, Luxembourg, une superbe exposition à Monaco, et la très prisée Triennale Internationale du Papier de Charmey, en 2017.
WHITE REVOLUTION, 70x70cm, 2019, Technique Mixte sur Toile // REVELATION OR/NOIR 6/10, 50x50cm, 2018, Technique Mixte sur Toile // Présentation du papier à cigarette
Récupération, ingéniosité et originalité
Liane Mathes Rabbath montre des tableaux travaillés de telle façon que l’on peut croire qu’elle a utilisé de la corde plutôt que du papier. « C’est une série qui m’a demandé beaucoup de temps et de réflexion. Je les travaille comme de la corde. C’est salissant et très fatiguant, car il faut verser de la colle sur le papier que je suis en train de tordre ». L’artiste a même introduit dans ses compositions des feuilles d’or, de la poudre d’or en provenance du Japon.
Liane mentionne des robes en corde de papier qu’elle a confectionnées et exposées, au fil de différentes expositions. Notamment une robe en fil de fer barbelé (visuel ci-contre), qui fut exposée à la Galerie Galerie Janine Rubeiz à Beyrouth, dans le cadre d’une exposition sur la révolution libanaise actuelle. « Mes oeuvres sont un moyen de montrer que la beauté existe même dans les choses les plus troubles. Lorsqu’on crée, la liberté d’expression ne connaît pas de limite… ».
Si les compositions de Liane sont le miroir de ses émotions, l’artiste y ajoute son grain d’optimisme. Le matériau choisi pour cette robe, le fil de fer barbelé, brut et fort en symbole, a été tordu, remanié, travaillé pour donner vie à une robe, symbole de danse, de liberté, d’une envie de vivre et de s’élancer…
D’autres projets d’exposition ? « A Beyrouth on vit au jour le jour. Le bleu particulier inspiré par le ciel du Liban donne envie de vivre… », confie en souriant cette belle artiste pour qui l’art et la créativité n’ont pas de secret.
Exposition Liane Mathes Rabbath ~ Paper Motions
Jusqu’au 14 mars 2020
Galerie Catherine Niederhauser
8 Rue du grand-Chêne 1002 Lausanne Tél. +41 21 312 98 18
Entre éventails et sacs : CIRCLE, 35×35 cm, 2015, Technique Mixte sur Toile // TOKYO, 35×35 cm, 2014, Technique Mixte sur Bois // : MULTICIRCLES, 35×35 cm, 2015, Technique Mixte sur Toile
(Photos – sauf la robe – : Françoyse Krier)