Pierre Bonnard – Bord de mer (vers 1932) – Huile sur toile – Collection particulière © Droits réservés
Jusqu’au 1er novembre 2020, le seul musée au monde entièrement dédié à l’œuvre du peintre au Cannet – Côte d’Azur présente un parcours repensé qui suit la carrière de Pierre Bonnard, de son premier succès en 1891, en passant par les œuvres réalisées en Normandie aux compositions lumineuses et colorées du Cannet.
En 1926, Pierre Bonnard se fixe au Cannet et achète une Villa qu’il baptise « Le Bosquet ». Il y restera jusqu’à la fin de sa vie, en 1947. Les paysages environnants et la lumière du Midi seront pour lui des sources inépuisables d’inspiration – plus de trois cents œuvres naîtront de cette période fructueuse. Avec la création du musée, Le Cannet – Côte d’Azur est désormais à Bonnard ce qu’Aix-en-Provence est à Cézanne, Giverny à Monet, Nice à Matisse…
L’attention que Pierre Bonnard porte aux objets et au modèle et son émerveillement face aux choses transforme les scènes d’intérieur : quelques fruits dans une coupe, un bouquet de fleurs… On y découvre une approche nouvelle comme saisis de haut ou de côté par l’œil d’un photographe qui tournerait autour. Les teintes délicates donnent une illusion de phosphorescence.
Pierre Bonnard : Vue panoramique du Cannet, 1930 Huile sur toile – Coll. particulière // Paysage de Montagne, vers 1918 – Huile sur panneau – Coll. particulière © Droits réservés
Une œuvre indépendante et inclassable
Pierre Bonnard a suivi un chemin singulier en dehors de tout mouvement, hormis les Nabis dont il sera l’un des fondateurs avec entre autres, Édouard Vuillard, Mauris Denis et Félix Vallotton. Sa découverte en particulier de la lumière du Midi et du Cannet dans les années 1920, aiguise son regard. Sa peinture connaît une véritable transformation. Il parle d’ailleurs d’une « couleur qui affole » au point d’en oublier la forme. Ainsi, entre dessin et composition colorée, Bonnard transpose les objets, crée un monde inspiré de son quotidien où les paysages, les éléments, sont imbibés de cette lumière qui métamorphose les couleurs des fleurs, des champs, de la mer. « Le dessin c’est la sensation » dira-t-il. Traits nerveux ou précis lui permettent d’immortaliser la spontanéité de son regard, son émotion première.
Les toits, les maisons, les montagnes émergent de ces paysages inondés de soleil et de lumière comme dans Paysage de montagne (vers 1918) ou encore Bord de mer (vers 1932) où spontanéité rime aussi avec ordre ; un mauve répond à un rouge insolite et ordonne le tableau qui « est un petit monde qui doit se suffire » selon Bonnard.
Pierre Bonnard :
Nus se reflétant dans une glace, vers 1907. Huile sur carton marouflé – Musée Bonnard, acquis avec l’aide du Fram. Une certaine gravité qui renvoie l’homme à sa solitude.
La Petite fenêtre, 1946 Huile sur toile. Collection particulière © Droits réservés
Paysage, L’Allée, vers 1924. Huile sur toile – Collection particulière © Droits réservés
« Le tableau est une suite de taches qui se lient entre elles, et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’œil se promène sans accroc » confie encore Bonnard. Paysage soleil couchant (1923), résume bien ce sentiment. La Petite fenêtre (vers 1940) d’un jaune éblouissant s’ouvre sur cette nature qui lui offre des sensations puissantes et nouvelles. A près de 80 ans, Bonnard continue à apprendre. Il commence seulement à comprendre et voudrait tout recommencer, tel qu’il le dira au jeune peintre Bazaine.
L’exposition se termine autour de son symbolique amandier qui se dresse face à la fenêtre de sa chambre : L’Amandier, symbolise la joie de le voir refleurir chaque année jusqu’au point de le forcer à le peindre à chaque printemps et de s’identifier à lui dans la renaissance de son être.
Pierre Bonnard : Les Chapeaux rouges, 1894. Huile sur toile, 28 x 33 cm. La mise en page évoque les instantanés photographiques. Collection particulière © Droits réservés // Assiette de fruits, 1930. Huile sur toile, 26 x 41 cm. Collection particulière © Droits réservés
Située dans les Alpes-Maritimes sur la Côte d’Azur, la ville du Cannet se trouve à proximité des grands centres touristiques que sont Cannes, Nice et Antibes. Son patrimoine culturel et artistique se compose notamment du musée Bonnard, de la Villa Le Bosquet habitée par Bonnard, du quartier historique du Vieux-Cannet mais également de la Chapelle Saint-Sauveur entièrement décorée par l’artiste Theo Tobiasse ou encore du Mur des Amoureux dessiné par Raymond Peynet, citoyen d’honneur de la ville.
Le musée Bonnard s’inscrit dans le paysage culturel du sud de la France dont il est devenu l’un des lieux incontournables. Gage de la qualité du travail accompli, il a obtenu le label « Musée de France » en décembre 2006 sur la base de son projet scientifique et culturel. En 5 ans d’existence, il comptabilise plus de 300’000 visiteurs venus du monde entier et a reçu de nombreuses distinctions, le plaçant ainsi dans les institutions culturelles majeures de la Côte d’Azur.
Exposition ” Le Cannet, une évidence ” – Jusqu’au 1er novembre 2020
Musée Bonnard 16, bd. Sadi Carnot – Le Cannet – Côte d’Azur
Tél. +33 (0)4 93 94 06 06
museebonnard.fr