Ernesto Neto – Flower Crystal Power (2014)
L’exposition au Centre Pompidou-Metz explore le jardin comme un territoire infini lequel représente un lieu d’hybridation, d’expérimentation et d’étrangeté aux yeux de nombreux artistes. Perpétuelle source d’inspiration, ce Jardin infini rassemble environ 300 œuvres de la fin du 19ème siècle à nos jours et en ouverture, le monumental Léviathan-main-toth d’Ernesto Neto. Les deux galeries du Centre Pompidou-Metz – d’après une scénographie de l’artiste catalan Daniel Steegmann Mangrané – incarnent un vaste espace naturel : du monde tellurique à la lumière. Le parcours libre et ouvert sur la ville de Metz, avec l’aménagement de trois jardins d’artistes hors les murs, invite le public – du 18 mars au 28 août 2017 – à cheminer à travers cette exposition comme dans un paysage inconnu.
On avait cru le jardin enterré par la modernité et par le triomphe d’espaces verts limitant le végétal à des zones fonctionnelles. Non seulement il est demeuré une source d’inspiration fertile tout au long du XXème siècle et continue d’exercer pour certains artistes une attraction profonde, mais encore, le jardin fascine, non pas tant pour ses vertus nourricières, curatives et ornementales que pour la subversion qu’il génère.

Hilma af Klint, The Birch (Le Bouleau), 1922 / Gabriel Orozco, Color Travels through Flowers, 1995 (détail)
Au-delà de l’espace clos et ordonné, le jardin de cette exposition est celui des passions privées : trouble, licencieux et indiscipliné. Lieu de résistance et de dissidence, du raffinement le plus exquis comme de l’exubérance sauvage, il devient un laboratoire biologique, éthique et politique.
Essentiellement contemporaines, les œuvres rassemblées dans cette exposition décrivent un jardin expérimental, obscur, chaotique et imprévisible. L’exposition du Centre Pompidou-Metz envisage cette nature sous l’angle d’un printemps métaphorique. Germination, floraison et dégénérescence suggèrent les cycles auxquels le monde est soumis : l’étape hivernale est la promesse de révolutions à venir.
Fantasmant la nature exotique, Dominique Gonzalez-Foerster crée un diorama tropical, jardin-bibliothèque proliférant. Le Brésilien Ernesto Neto investit quant à lui le Forum du Centre Pompidou-Metz avec une sculpture monumentale, Leviathan-main-toth (2005), dont les membranes forment un paysage biologique à l’échelle du bâtiment.

Pierre Bonnard, L’atelier au mimosa, hiver 1939, octobre 1946
Frantisek Kupka, Printemps cosmique I, 1913.1914
Pour Jardin Infini, Daniel Steegmann Mangrané conçoit une scénographie organique, terreuse et solaire. Invité à cheminer parmi les installations immersives, assimilées à des folies ou des bosquets, le visiteur s’aventure dans l’exposition avec l’émerveillement d’un jardinier.
Pensée comme un territoire sans frontières, l’exposition se déploie dans la ville de Metz à travers différents jardins aménagés par les artistes Peter Hutchinson, François Martig et Loïs Weinberger.
La première galerie du parcours propose une déambulation dans un jardin nocturne. Le visiteur chemine comme dans un village, découvrant les « jardins privés » de différents artistes. La seconde galerie est quant à elle décloisonnée, laissant exploser la lumière et la couleur sur toute sa longueur. Des enclos délimités par des rideaux métalliques qui accueillent les oeuvres et forment des bosquets entre lesquels le visiteur déambule librement. L’absence de parcours didactique invite à la flânerie et permet une traversée inspirée par la curiosité. Les grandes installations deviennent des bancs sous les frondaisons, des sources et des fontaines, des grottes ou des pergolas propices à la contemplation.


David Wojnarowicz, I Feel a Vague Nausea, 1990
Hilma af Klint, The Dove, N°2 (“La Colombe, n° 2”), 1915
Quatre jardins hors les murs
Dans le cadre de l’exposition Jardin infini. De Giverny à l’Amazonie, le Centre Pompidou-Metz sort de ses murs et s’associe à la manifestation organisée par la Ville de Metz «L’Art dans les jardins », en proposant la plantation éphémère de trois jardins d’artistes explorant la thématique du mouvement des plantes. Par ailleurs, à l’occasion de l’exposition, le Centre Pompidou-Metz valorise les jardins plantés à ses abords depuis son inauguration : le jardin sud conçu par Pascal Cribier, avec sa canopée basse de prunus formant un mystérieux plafond végétal ; le jardin Jean-Baptiste Keune, pensé par Nicolas Michelin avec l’agence Paso Doble, dont les pelouses ondulées forment des vagues régulières.
Les Galeries Lafayette, mécène de Jardin Infini, donnent carte blanche à Antoine Espinasseau pour un hors les murs inscrivant le magasin dans le parcours culturel de la ville. S’inspirant de motifs floraux de papiers peints de l’artiste anglais William Morris (1834-1896), fondateur du mouvement Arts and Crafts, Antoine Espinasseau imagine un jardin artificiel et cinétique pour la vitrine des Galeries Lafayette. Un paysage floral défile continuellement dans un dispositif déjouant la perspective et renouvelant la notion de jardin d’intérieur.
Corey McCorkle, Hermitage, 2010
Jardin Infini. De Giverny à l’Amazonie / Centre Pompidou-Metz
Du 18 mars au 28 août 2017 / Galerie 2, Galerie 3, Forum, Studio, Hors les murs
http://www.centrepompidou-metz.fr/jardin-infini-de-giverny-l-amazonie
Ci-dessous : Max Ernst, Pétales et jardin de la nymphe Ancolie, 1934 / Centre Pompidou – Metz (@Roland Halbe)