Entre science et beaux-arts, Pierre-Joseph Redouté incarne l’apogée de la peinture florale. Surnommé le « Raphaël des Fleurs », il est devenu un modèle encore célébré aujourd’hui grâce à l’élégance et à la justesse de son interprétation d’une nouvelle flore venue orner les jardins entre la fin de l’Ancien Régime et la Monarchie de Juillet. Grâce à la générosité du Muséum national d’histoire naturelle, le musée de la Vie romantique organise pour la première fois en France, une exposition consacrée à Redouté et à son influence.
A admirer du 26 avril au 1er octobre 2017. Prolongation jusqu’au 20 octobre 2017
Antoine Berjon (1754-1843) Fleurs sur un fond blanc, 1844, Lyon, musée des Beaux-arts de Lyon. Image © Lyon MBA – Photo Alain Basset / Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), Fleurs : roses trémières, raisins et le lori cramoisi, 1836 Paris, musée du Louvre département des arts graphiques © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado /Service presse/ MV
Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) a été très demandé durant toute sa carrière. Dessinateur de la reine Marie-Antoinette puis favori de Joséphine Bonaparte, l’artiste a porté et tempéré le chaos de la Révolution française par la délicatesse de pétales si finement rendus.
Issu d’une famille de peintres modestes, Pierre-Joseph Redouté quitte très jeune ses Ardennes natales avant de rejoindre son frère, peintre-décorateur à Paris en 1782. Face au succès retentissant du peintre de fleurs Gérard Van Spaendonck qui avait aussi la charge de peintre du Jardin des plantes, Redouté passera son temps libre au Jardin du Roi à exercer son dessin et sa technique picturale, l’aquarelle, d’après nature. Il y rencontre L’Héritier de Broutelle, magistrat du roi passionné de botanique, et Desfontaines, professeur au Jardin des Plantes, rencontres qui détermineront sa carrière.
Redouté se lance alors dans l’illustration botanique en assistant L’Héritier jusqu’aux années 1795 pour quelques ouvrages. Cette collaboration lui ouvrira les portes des milieux tant scientifiques que de la noblesse. Malgré tous les bouleversements politiques, son talent le propulse Dessinateur de l’Académie des Sciences puis Peintre Officiel de l’Impératrice Joséphine.
Eventail brisé, corne blonde repercée et gouachée, pierre en verre topaze. 1820. Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. © Françoise Cochennec/ Galliera/ Roger-Viollet
Pendant toutes ces années de l’Empire, Redouté exerce une activité sans relâche. Le jardin, l’orangerie et les serres du domaine de la Malmaison de Joséphine rassemblant les plantes les plus rares du monde entier seront des lieux privilégiés de peinture pour Redouté. Sous la protection de Joséphine il réalise les Liliacées, recueil édité de 1802 à 1816. Après la mort de Joséphine et la chute de l’Empire, il poursuit son travail et conçoit Les Roses, ouvrage qui remporta un succès retentissant d’autant plus qu’avant celui-ci, peu d’ouvrages avaient été consacrés à cette fleur.
Saint- Jean Simon (1808-1860), La Jardinière 1837, Lyon, musée des Beaux-arts de Lyon, image © Lyon MBA – Photo Alain Basset / Assiette de la Flore parisienne: Linaigrette encainée, Rueil Malmaison, Châteaux de Malmaison et Bois Préau © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Gérard Blot /Service presse/ MVR
Peintre botaniste, Pierre-Joseph Redouté a contribué à l’âge d’or des sciences naturelles en collaborant avec les plus grands naturalistes de son temps. Il a répondu à leur préoccupation de classement et d’identification de plantes rapportées des quatre continents en les reproduisant à l’aquarelle sur de précieux vélins avec une rigueur scientifique et un talent artistiques inégalés.
Peintre des souveraines, de l’impératrice Joséphine à la reine Marie Amélie, il s’avère également graveur, éditeur, et professeur.
À l’époque des progrès horticoles, alors que les dames s’initient au langage des fleurs, leurs porte-bouquets, éventails et bijoux sont le reflet de leur passion botanique. Des tentures, broderies pour des robes de cour, papiers peints et porcelaines… témoignent de cet engouement pour la fleur telle que Redouté l’a sublimée. Une « classe de la Fleur » destinée à l’industrie lyonnaise de la soie a éclos au tout début du XIXe siècle, tandis qu’un « Salon des Fleurs» met à l’honneur un véritable genre pictural.
Plus de 250 peintures, aquarelles, objets d’art, et vélins qui, en raison de leur fragilité, présentés suivant un accrochage en partie renouvelé en trois « saisons », proviennent de nombreuses collections publiques françaises (musée du Louvre, musée des Beaux-Arts de Lyon, musée de Grenoble, musée Fabre de Montpellier…) et des musées de Belgique.
En contre-point, près de trente créateurs contemporains montreront la vitalité toujours actuelle du motif de la fleur naturaliste, au sein les collections permanentes du musée de la Vie romantique.
Le pouvoir des fleurs – Pierre-Joseph Redouté
du 26 avril au 29 octobre 2017 – Musée de la vie romantique
16, rue Chaptal – 75009 Paris / Tél. 01 55 31 95 67
Ouvert tous les jours de 10h00 à 18h00 sauf les lundis et certains jours fériés.
http://museevieromantique.paris.fr/fr
Pierre Joseph Redouté (1759-1840), Fritillaire impériale / Fritillaria imperialis, 1802-1816, Paris, Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), bibliothèque centrale © Muséum national d’Histoire naturelle / Dist. RMN.
Photo façade du musée de la vie romantique : @D. Messina