La Chancellerie de Madame Merkel, au sein du « ruban fédéral »
Edifice imposant du nouveau Quartier gouvernemental, l’ensemble architectural de la nouvelle Chancellerie fédérale a été conçu dans le coude de la Spree, sous le mandat d’Helmut Kohl (1982–1998).
La Chancellerie intégrée au « Band des Bundes » (ruban fédéral) est composée d’un corps central à neuf étages, le bâtiment des dirigeants, ainsi que d’ailes plus basses, étendues. Le symbole du bâtiment central est le demi-cercle de 18 mètres de hauteur dans la partie supérieure de la façade. Les façades en verre de la Chancellerie fédérale lui confèrent surtout de la transparence : des stèles de douze mètres de hauteur, donnant l’impression de colonnes, structurent les façades en verre. Ce ruban abrite bon nombre d’institutions fédérales : la Diète fédérale (Bundestag) dans l’ancien Reichstag, la Chancellerie, la Présidence fédérale et le Ministère fédéral de l’Intérieur. A l’intérieur de la Chancellerie fédérale, on trouve les bureaux des collaborateurs dans les ailes latérales, le bâtiment des dirigeants servant pour la représentation.
Le Reichstag, siège du parlement allemand
Le Palais du Reichstag, construit pour abriter le Reichstag (Assemblée du Reich) à partir de 1894 et jusqu’à son incendie en février 1933, abrite le Bundestag de la République fédérale d’Allemagne depuis le retour des institutions à Berlin en 1999. Du 30 avril au 2 mai 1945, les marches du Reichtag ont été ensanglantées : une milice populaire montée par les nazis, le volkssturm, composée d’enfants fanatisés et de vieillards enrôlés de force ont mené l’assaut final contre les Russes. La majorité des 1’500 miliciens, inexpérimentés et mal armés, ont péri dans ce qui fut l’ultime bataille pour défendre Berlin.
Le Troisième Reich s’est effondré au bout de 12 ans, pour faire place, en 1945, à la dictature communiste qui divisera Berlin et l’Allemagne pour les 44 années suivantes. Le nouveau dôme du Reichtag fut inauguré en 1999. Symbole du Reichstag, la coupole est reconstruite en verre, symbole de transparence et volonté d’exercer une démocratie ouverte au grand jour. C’est l’architecte Sir Norman Foster qui emporte le concours pour la rénovation du bâtiment. Pendant les travaux, les artistes Christo et Jeanne-Claude « emballent » le Palais avec d’immenses rubans de plastique argenté. Un système de jeux de miroirs du dôme permet d’orienter la lumière vers la salle des séances du gouvernement durant le jour et refléter la lumière à l’inverse pendant la nuit. Désormais, c’est le peuple qui observe le gouvernement agir et non plus l’inverse…
L’ambassade de Suisse à Berlin
Le grand drapeau à croix blanche indique un coin d’Helvétie dans le quartier du pouvoir politique allemand. En 1919, la Confédération déboursa un demi-million de francs pour acquérir ce palais néo-classique et y installer la légation diplomatique suisse. Arrivé au pouvoir, en 1933, Hitler souhaitait faire de Berlin «Germania, la capitale du monde». Son architecte Albert Speer voulait détruire l’ambassade mais la résistance helvétique fit gagner du temps et, le nazisme vaincu, il ne fut plus question de raser l’édifice.
Les bombardements alliés de 1943 avaient fait de ce quartier un champ de ruines, seule l’ambassade resta debout, peu endommagée. A cette époque, la Suisse représentait à Berlin les intérêts de 25 Etats ayant rompus leurs relations diplomatiques avec le 3ème Reich. En avril 1945, lors de la prise de Berlin par l’Armée rouge, l’Ambassade servit de quartier général aux troupes soviétiques qui prirent d’assaut le Reichstag. Le palais abrita différents services d’assistance aux ressortissants suisses des anciens territoires orientaux du Reich, puis il devint, en 1973, un consulat général. Quand Berlin redevint la capitale de l’Allemagne réunifiée, en 1999, l’ambassade helvétique quitta Bonn pour s’installer en ces lieux.
Une portion du Mur
Une partie (200 mètres) de l’infâme mur de Berlin sépare les districts de Mitte (Berlin-Est) et Kreuzberg (Berlin-ouest). Le mur a divisé Berlin de 1961 à 1989. Du fameux mur, il demeure encore une portion discontinue de 180 mètres de long, lampadaire, reste de grillage, pan de paroi en béton ou portion du chemin de ronde. Des plaques commémoratives, noms de rue ou mémoriaux rappellent aux passants la douloureuse division de Berlin. Le terrain vague du 8, Prinz-Albrecht Strasse, non loin de Potsdamer Platz, fut le site du QG de la Gestapo, des SS et de la Sécurité du Reich. L’endroit, complètement rasé, est resté tel quel. L’excavation du sous-sol a permis de remettre à nu les murs de fondation sur lesquelles figure l’exposition permanente : Topographie de la Terreur.
Le Ministère de l’Air de Georing
C’est le seul exemple de l’architecture nazi ayant échappé miraculeusement aux bombardements. Au départ, en 1890, le site était occupé par ce qui a été le Ministère royal de la guerre prussien. En 1933, Hermann Goëring y installe son quartier général du Ministère de l’armée de l’air nazi (Luftwaffe) En 1935, Goëring fait démolir le building original pour le remplacer par le bâtiment actuel. A l’ère de la dictature communiste, le bâtiment était le siège du Ministère des Ministères et par la suite, est devenu le siège du gouvernement Est-allemand.
L’ imposant building avec ses sept kilomètres de corridors, 2’800 pièces et 4’000 fenêtres abrite maintenant le Ministère des Finances du gouvernement allemand. En 1952, sous la dictature communiste, une énorme fresque murale peinte sur des tuiles de porcelaine, d’une longueur de 18 mètres, est ajoutée sur un mur de la façade nord, côté Leipzigerstrasse. La fresque évoque les idéaux communistes du travail et de la famille au service exclusif de l’État omniprésent et tout-puissant, les Arts ne servant plus qu’à glorifier des scènes d’utopie idéologique.
Le Mémorial soviétique du Treptower Park
Monument et cimetière militaire. Ce mémorial érigé en mai 1949, est dédié à tous les combattants de l’Armée rouge tombés lors de la Seconde Guerre mondiale. Construit à l’initiative de l’Armée soviétique, il est l’œuvre d’artistes d’URSS. Il abrite également la sépulture de 4’800 soldats soviétiques. Une statue de la « Mère Patrie », de trois mètres de hauteur, représente une femme pleurant son enfant mort pour la Patrie.
Le cimetière s’étend derrière deux gigantesques drapeaux abaissés, en granit rouge, gardés par des soldats agenouillés. Celui de gauche est âgé, celui de droite est plus jeune. En grand apparat et armés, ils rendent hommage à leurs camarades et gardent leurs tombes. Deux rangées de huit sarcophages représentent chacun les seize républiques qui composaient alors l’Union soviétique. Sur des bas-reliefs, figurent des citations de Staline, à droite en russe et en allemand.
Au bout de l’axe se dresse la statue en bronze d’un soldat de l’Armée rouge du sculpteur Evgueni Voutchetitch qui porte un enfant sur un bras, pointe le sol de son épée et foule de son pied e croix gammée brisée. L’enfant symbolise le peuple innocent qui peut espérer un avenir meilleur dans les bras du sauveteur.
Le Mémorial de l’Holocauste de Peter Eisenmann
A peine 7’000 membres de la communauté juive de Berlin sur 160’000 ont survécu à l’holocauste! Les 2/3 des Juifs d’Europe, entre cinq et six millions, soit 40% des Juifs de la planète, ont été assassinés par les nazis.
Le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe se trouve à Mitte, à la place d’un ancien no man’s land qui bordait autrefois le Mur. Il aura fallu 17 ans pour que ce Mémorial soit achevé, après des années de discussions et de délibérations, le 8 mai 2005. L’architecte américain Peter Eisenmann a conçu le projet constitué de 2711 blocs de béton rectangulaires et assemblés en damier, rappelant des stèles mortuaires. Le Mémorial est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et chacun peut déambuler entre les blocs de béton à son rythme. L’effet produit par ce labyrinthe de stèles est celui de l’inquiétude et de la tristesse. Le sol est volontairement inégal et les blocs ont tous des hauteurs et des tailles différentes. Un lieu propice à une réflexion indispensable.
il comporte un centre d’information situé en sous-sol qui présente des biographies, des enregistrements, ainsi qu‘une information exhaustive sur les autres sites de mémoire en Allemagne et en Europe et rassemble de la documentation sur la réalité universelle du génocide.
L’emplacement du bunker d’Hitler
Notre guide nous emmène en un endroit peu connu et donc peu fréquenté par les touristes : au carrefour de In den Ministergärten et Gertrud-Kolmar-Strasse, un petit panneau, à environ trois minutes de marche de Potsdamerplatz, représente un schéma du bunker d’Hitler, situant son emplacement exact. Le panneau fut installé le 8 juin 2006. Le téléphoniste Rochus Misch, un des derniers résidents du bunker encore en vie à l’époque, assista à la cérémonie d’inauguration de ce panneau. Il y avait en réalité deux bunkers reliés entre eux : le Vorbunker (« pré-bunker ») était le plus ancien, et le Führerbunker le plus récent. Le complexe était protégé par une couche de béton d’environ quatre mètres d’épaisseur. Il comprenait environ trente petites pièces sur deux niveaux. Sous ce banal stationnement, se trouvait la sortie d’urgence du bunker d’Hitler, sortie menant, à l’époque, au jardin de la chancellerie du Reich où Hitler avait l’habitude de promener son berger allemand qu’il a tué lui-même avant de se suicider le 30 avril 1945. Tout le site situé sous le stationnement, à l’angle des rues In den Ministergarten et Gertrude Kolmar strasse, a été dynamité et anéanti en 1947.
Autre site secret : la station de métro Mohrenstrasse, aux murs, colonnes et bancs en marbre de Saalburg. Diverses sources affirment que le matériel provient des ruines de la Neue Reichskanzlei, Nouvelle chancellerie du Reich, siège du pouvoir par Hitler, conçue par l’architecte du Troisième Reich Albert Speer. Ces pierres ornaient le couloir menant au bureau du Fuhrer.
Le rouge était la couleur prédominante de la salle des Mosaïques de la chancellerie, ainsi que la galerie de marbre rouge, de 146 mètre de long – deux fois la longueur de la galerie des Glaces de Versailles -, aux dalles couleur carmin. Le tout fut démantelé par les Forces soviétiques et une partie des matériaux aurait servi à la reconstruction de la station Mohrenstrasse.
Le Checkpoint Charlie
Site incontournable de Berlin, Checkpoint Charlie est le célèbre poste frontière qui a prévalu pendant la guerre froide, entre les deux super puissances en duel (États-Unis-Union Soviétique).
La baraque en bois où les visiteurs pour le secteur russe, situé dans Berlin-Est, étaient contraints de passer pour les contrôles obligatoires, a été supprimée. La reconstruction comprend une guérite de garde américaine et une copie du panneau d’origine qui marquait la frontière. Des bordures de pavés délimitent le tracé exact de l’ancienne frontière et l’on peut y découvrir la photographie poignante par Frank Thiel d’un soldat américain et d’un soldat russe.
Le musée du mur de Berlin à Checkpoint Charlie abrite une exposition permanente sur l’histoire du mur de Berlin et de nombreuses thématiques apparentées : on y apprend tout sur la Sécurité d’État de la RDA, l’opposition au régime, la résistance puis la chute du mur le 9 novembre 1989. Il présente également une quantité d’objets originaux utilisés par les fuyards pour quitter la RDA.
Berlin en musique…
Berlin a inspiré nombre d’artistes, musiciens entre autres.
Les Scorpions sont l’un des groupes de rock allemand les plus connus au monde. L’une de leurs chansons, le tube mondial “Wind of Change”, a marqué toute une génération, et est devenu pour beaucoup la bande originale du Mur de Berlin
Marlène Dietrich a chanté Berlin : Das ist Berlin, Berlin, die ewig junge Stadt / C’est Berlin, Berlin, la ville éternellement jeune /Du mein Berlin, Berlin, du Perle an der Spree. / Vous ma Berlin, Berlin, vous perle sur la Sprue / J’ai encore une valise à Berlin / C’est pourquoi que je dois bientôt y retourner / Les joies des temps passés /Elles sont encore toutes dans cette petite valise, là-bas.
Et récemment, une chanson de et par Christophe Willem célèbre Berlin :
La nuit détaille / Mon corps en braille / Berlin m’appelle / Cocktail trinken / Discotheken / Berlin m’appelle…
(Texte et photos : Françoyse Krier)