Vincent van Gogh Le semeur, soleil couchant, 1888 huile sur toile, 73 x 92 cm  Collection E.G. Bührle, Zurich photo SIK-ISEA, Zurich (J.-P. Kuhn)

Manet, Cézanne, Monet, Van Gogh…
Jusqu’au 29 octobre 2017, la Fondation de l’Hermitage a le privilège d’accueillir les joyaux impressionnistes et postimpressionnistes de la collection Bührle. Composée de chefs-d’oeuvre d’artistes incontournables des XIXème et XXème siècles, comme Le champ de coquelicots près de Vétheuil de Monet (vers 1879), Le garçon au gilet rouge de Cézanne (vers 1888), ou encore Le semeur, soleil couchant de Van Gogh (1888), cette collection particulière compte parmi les plus prestigieuses au monde.

En dévoilant les trésors de la Fondation E. G. Bührle, la Fondation de l’Hermitage poursuit l’exploration des grandes collections privées suisses qu’elle mène depuis une vingtaine d’années – expositions dédiées aux collections Weinberg (1997), Jean Planque (2001), Arthur et Hedy Hahnloser(2011), Jean Bonna (2015).

BUHRLE_Gauguin_Offrande BUHRLE_Vuillard_SalonPaul Gauguin L’offrande, 1902 huile sur toile, 68,5 x 78,5 cm Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich photo SIK-ISEA, Zurich (J.-P. Kuhn) / Edouard Vuillard Le salon des Natanson, Rue Saint-Florentin, 1897-1898 huile sur papier, contrecollé sur panneau, 45,5 x 51,5 cm  Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich photo SIK-ISEA, Zurich (J.-P. Kuhn) 

Présentées en exclusivité à l’Hermitage
C’est à une plongée dans l’un des ensembles les plus importants d’art du XIXème et du début du XXème siècle que la Fondation de l’Hermitage convie ses visiteurs. Rassemblées essentiellement entre 1951 et 1956 par l’industriel Emil Georg Bührle (1890-1956), les oeuvres de la Fondation E. G. Bührle, à Zurich, sont d’une qualité prodigieuse. Quelque 54 tableaux sont exposés en exclusivité à la Fondation de l’Hermitage. Elles peuvent être admirées une dernière fois dans l’atmosphère intime d’une demeure du XIXème siècle, semblable à celle du collectionneur.

BUHRLE_Degas Ludovic Lepic et ses filles BUHRLE_Toulouse-Lautrec_les deux AmiesEdgar Degas Ludovic Lepic et ses filles, vers 1871 huile sur toile, 65 x 81 cm Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich photo SIK-ISEA, Zurich (J.-P. Kuhn) / Henri de Toulouse-Lautrec Les deux amies, 1895 gouache sur carton, 64,5 x 84 cm Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich photo SIK-ISEA, Zurich (J.-P. Kuhn)

A l’image de la collection E. G. Bührle, le coeur de l’exposition est consacré à l’impressionnisme et au postimpressionnisme français, réunissant des chefs-d’oeuvre de Pissarro, Manet, Degas, Sisley, Monet, sans oublier Renoir, et des pères de la modernité que sont Cézanne, Gauguin et Van Gogh.

Pierre-Auguste Renoir Portrait de Mademoiselle Irène Cahen d’Anvers (La petite Irène), 1880 huile sur toile, 65 x 54 cm Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich photo SIK-ISEA, Zurich (J.-P. Kuhn) / Henri Fantin-Latour Roses grimpantes et pêches, 1873, Huile sur toile, 55 x 55 cm, Fondation Collection E.G Bührle, leg de Dieter Bührle.

 

Au rez-de-chaussée, une salle est consacrée aux portraits et montre de quelle manière les impressionnistes s’insèrent dans la longue tradition de ce genre, de Hals à Renoir en passant par Ingres, Corot, Courbet…
Deux autres salles sont consacrées aux paysages impressionnistes, au romantisme et réalisme.  Sont réunies des toiles de Delacroix et de Daumier afin d’illustrer l’influence du romantisme et du réalisme dans l’émergence de la peinture moderne. Ce parcours éblouissant s’achève à l’aube du XXème siècle, avec des oeuvres incontournables des nabis (Bonnard, Vuillard), des fauves (Braque, Derain, Vlaminck) et de l’Ecole de Paris (Modigliani, Picasso, Toulouse-Lautrec).
L’oeil se plait à s’attarder sur la magnifique nature morte Roses grimpantes et pêches (1873), de Henri Fantin-Latour. Poésie, délicatesse et raffinement… De petites roses blanches , touches crémeuses teintes de jaune et de rose, fruits à la peau délicatement veloutée déposées dans une corbeille d’osier et une assiette en faïence.

Et ô surprise, la Petite Danseuse de 14 ans de Degas est présente à Lausanne. Version bronze, attitude de repos, pieds formant la quatrième position classique, mains derrière le dos,  buste dressé et tête rejetée en arrière, frimousse jugée par l’artiste lui-même comme ingrate, tutu de coton et ruban retenant les cheveux. Degas la montra à l’exposition impressionniste de 1881 : statue de cire colorée au naturel, coiffée de vrais cheveux, vêtue d’un tutu et de véritables chaussons, elle témoignait d’un hyperréalisme saisissant. Les critiques lui reprochèrent de représenter la fillette de manière bestiale ; on la compara à un singe ou un aztèque et elle provoqua un véritable scandale.
Il y eut 27 copies de “La petite danseuse” produites par la Fonderie Hebrard à Paris entre 1920 et 1950. Celle que possède le musée d’Orsay est datée entre 1920 et 1930. L’originale fut acquise en 1956 par le philantrope américain Paul Bellon, qui en fit don à la National Gallery of Art de Washington. Le bronze de la Collection Bührle est l’un des tirages qui fut réalisé après le décès de l’artiste à partir du modèle en cire.
Lors de la vente Sotheby’s du 24 juin à Londres, la sculpture, intitulée Petite danseuse de quatorze ans, de Degas, en fonte Hébrard, a été adjugée à 22,2 millions d’euros. Un nouveau record pour une œuvre d’Edgar Degas. Ce résultat bat le précédent record détenu par un modèle similaire portant le même titre, vendu 13,2 millions de dollars chez Sotheby’s en février 2009 à Londres.

 
Edgar Degas Petite danseuse de 14 ans,  fonte 1932-1936, bronze partiellement peint, tutu de coton et ruban de soie / Edouard Manet Les hirondelles, 1873 huile sur toile, 65 x 81 cm Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich photo SIK-ISEA, Zurich (J.-P. Kuhn)/ Claude Monet Champ de coquelicots près de Vétheuil, vers 1879 Fondation Collection E.G. Bührle, Zurich @photo SIK-ISEA, Zurich  (J.-P. Kuhn)

 

Curiosité et plaisir de la découverte
La belle composition du tableau de Vincent van Gogh, peint à Arles en 1888, Le semeur, soleil couchant, monopolise presque le regard. Le disque solaire baigne le paysage d’une lumière crépusculaire : “Je voudrais peindre des hommes et des femmes avec ce je ne sais quoi d’éternel dont autrefois le nimbe était le symbole (…)”. Scène de la vie polynésienne, L’offrande, de Paul Gauguin, dégage douceur et sérénité. 

L’exposition accorde également une attention particulière à l’histoire de cet ensemble hors du commun qui incarne le goût d’un collectionneur au milieu du siècle dernier. Une salle est ainsi consacrée aux documents d’archives et aux résultats de la recherche approfondie que la Fondation E. G. Bührle mène sur ses fonds depuis plus de douze ans, permettant de comprendre le parcours historique, parfois complexe, de ces chefs-d’oeuvre.

La Fondation Bührle est actuellement présidée par un petit-fils du collectionneur, Christian Bührle. Jusqu’en 2015, la Collection Bührle était visible dans un musée très confidentiel à Zurich, annexe de l’ancienne résidence de Bührle, qui a été cambriolé en 2010. Quatre chefs d’oeuvre, dont “Le garçon au gilet rouge” de Cézanne, avaient été dérobés. Les tableaux ont été retrouvés depuis. Après Lausanne, la Collection Bührle partira pour le Japon avant de rejoindre en 2020 la nouvelle aile du Kunsthaus, à Zurich. (DP/fk)

Chefs-d’oeuvre de la collection Bührle – Manet, Cézanne, Monet, Van Gogh…
Du 7 avril au 29 octobre 2017
Fondation de l’Hermitage  /  Route du Signal 2, case postale 42 tél. +41 (0)21 320 50 01  /  CH -1000 Lausanne

www.fondation-hermitage.ch

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