… d’après une chanson populaire que tout le monde connaît, assure-t-on dans cette ville si chargée d’histoire.
Berlin est la troisième ville la plus visitée en Europe, après Londres et Paris. La ville est composée de plusieurs quartiers, mini-colonies sur la Spree qui ont grandi en petits hameaux pour finir par s’étendre en quartiers distinctifs sur un territoire huit fois plus grand que Paris. La Spree a une longueur de 400 kilomètres dont 182 navigables.
Berlinois et touristes circulent en vélo, bus, tram, en calèche, et en bateau-mouche sur la Spree – rivière allemande
et tchèque, sous-affluent de l’Elbe – qui coule tranquillement entre les monuments de la ville. Tenant les beaux jours, assis dans l’herbe ou étendus sur des chaises-longues dans les nombreux parcs, les Berlinois piquent-niquent à midi et même le soir, profitant des derniers rayons du soleil.
Le coeur historique de Berlin
Dès 1740, année du début du règne de Fédéric II, des mesures furent prises en vue de la construction du “Forum Fridericianum”, conçu pour être le centre de Berlin. Projection de l’idéal selon Frédéric II, alliance entre la royauté, l’art et la science…
Ancienne allée cavalière, longue de 1,4 kilomètres, l’avenue Unter den Linden – “Sous les tilleuls” – est l’artère la plus majestueuse de Berlin. Elle s’étire de l’Alexanderplatz (dominée par les 365 mètres de la Tour de la Télévision) à la Pariser Platz sur laquelle est érigée la porte de Brandebourg. Quatre rangées de tilleuls ont donné son nom à cette artère bordée de nombreuses institutions, ambassades construites ou reconstruites, l’Université Humboldt, le Staatsoper, le Palais du Kronprinz lequel devenu Frédéric II délaissera ce palais pour vivre dans celui de Sans-Souci à Potsdam…
Dressée au centre de cette avenue, la statue équestre – 13,5 m – de celui qui fut surnommé «der Alte Fritz», a nécessité 20 ans de travail.
Rivière allemande et tchèque, la Spree serpente entre les monuments de la ville.
Bebelplatz
Cette place du XVIIIème siècle compte un opéra – le premier à ne pas être adossé à un château, où « les plus belles voix et les meilleurs danseurs » se produisaient –, une bibliothèque et une cathédrale au dôme vert, dédiée à sainte Edwige, patronne de Silésie et du Brandebourg. Commandée en 1747 par Frédéric II qui pratiquait la tolérance religieuse, elle fut la première église catholique construite en Allemagne après la Réforme protestante.
Détruit par un incendie en 1843, puis détruit à nouveau pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Opéra fut reconstruit en 1955.
En face, l’Ancienne Bibliothèque, construite entre 1775 et 1780. La forme incurvée de sa façade baroque lui a valu le surnom de « Commode ». Détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle fut reconstruite entre 1963 et 1968.
Commandée par Frédéric II qui pratiquait la tolérance religieuse, construite en 1747, la Cathédrale Sainte-Hedwige fut la première église catholique construite en Allemagne après la Réforme protestante. Son dôme vert, détruit en 1943, fut reconstruit en 1952-1963.
Bibliothèque engloutie
Une plaque de verre au ras des pavés attire les visiteurs déambulant sur la Bebelplatz. En se penchant, on peut apercevoir une bibliothèque aux étagères vides, laquelle commémore l’autodafé qui a eu lieu le 10 mai 1933, lorsque Joseph Goebbels, ministre nazi de la propagande et de l’éducation du peuple, organisa un autodafé de livres considérés comme « anti-allemands », faisant brûler plus de 20’000 livres sur un bûcher au milieu de la place. Parmi ces ouvrages, ceux de Voltaire, Karl Marx, Heinrich Heine… Ce dernier, un des plus grands écrivain allemand du XIXème siècle n’avait-il pas prédit, un siècle plus tôt, en 1821: ” Dort wo man bücher verbrennt, verbrennt man an ende auch menschen” – “Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ».
Un ouvrage de Voltaire aurait figuré parmi ceux consumés sur la Bebelplatz. Comme lors de l’autodafé organisé par les franquistes le 30 avril 1939, à l’Université de Madrid où furent brûlés des livres de Maxime Gorki, Sigmund Freud, Karl Marx, Lamartine, Jean-Jacques Rousseau et Voltaire…
La plus belle place de Berlin
Sur la Gendarmenmarkt – à la mémoire du Régiment de Gens d’Armes – le KonzertHaus est entouré de la cathédrale allemande, construite en 1708, et de la cathédrale française, finie en 1705. Elle se caractérise par un orgue baroque et un carillon de 60 cloches en bronze. Au centre, une sculpture de Schiller, poète, dramaturge, philosophe et historien allemand.
Inaugurée en 1821, ancien Théâtre National (1786), la salle de concert est le siège de l’Orchestre Symphonique de Berlin, et a vu passer de grands compositeurs et interprètes : création de la “Symphonie N° 9” de Beethoven, le “Fliegender Holländer“ – le “Hollandais volant” – dirigé par Wagner… Sans oublier Herbert von Karajan, Léonard Bernstein…
Toute proche, la Jaegerstrasse où vécut Madame Bentinck, grande amie « ange tutélaire » de Voltaire qui la rencontrera pour la pour la première fois en décembre 1740. Née comtesse d’Altenburg, apparentée à toutes les têtes couronnées en Europe, Charlotte-Sophie jouit d’une réputation sulfureuse. Ayant épousé un homme par dépit, et fui le domicile conjugal, elle obtiendra la séparation puis le divorce. Féministe avant l’heure, elle n’eut de cesse de se défendre bec et ongles contre l’injustice, de déjouer les manœuvres perfides d’un mari qui la force en 1739 à signer une convention de séparation la dépossédant de ses biens et de ses terres. La comtesse apportera un soutien moral au philosophe lorsque celui-ci sera empêtré dans de fâcheuses affaires. On dénombrera 250 billets adressés à la “la Sévigné de l’Allemagne” par Voltaire.
Les tribulations du quadrige de la Porte de Brandebourg
Direction la porte de Brandebourg, via le bus 100, dont l’itinéraire est idéal pour une visite des principaux bâtiments. Grande affluence, ambassades de France et des USA, petits bars, Hôtel Adlon-Kempinski… Image qui a fait le tour du monde : en 2002, Mickael Jackson, du balcon de sa chambre de l’Hôtel Adlon, au quatrième étage, montrait son fils nouveau-né, Prince Michael II, visage recouvert d’un linge, aux fans et photographes…
Construite dès 1788, la Porte de Brandebourg faisait partie intégrante du mur de Berlin. Elle est couronnée d’un quadrige en cuivre figurant la déesse de la Victoire sur un char tiré par quatre chevaux. En 1806, elle est emportée par Napoléon Bonaparte, mais après la chute du Premier Empire, le quadrige retourne à Berlin, où il est agrémenté d’un nouveau symbole de pouvoir : l’aigle prussien. A la demande du roi Frédéric-Guillaume III, le quadrige retrouve aigle et croix de fer, attributs guerriers. A la répartition de la ville, la porte de Brandebourg se situe dans la Zone est. Avec la construction du mur de Berlin, en 1961, elle se retrouve au milieu du no man’s land gardé par les soldats de la RDA et ne peut plus être traversée ni à l’est ni à l’ouest. L’aigle du quadrige est retiré et retrouvera sa place lors de la réunification.
Après l’écrasement de la Prusse par les troupes françaises à Iena en 1806, le quadrige fut descendu de la porte et envoyé par Napoléon à Paris entant que butin. Après la victoire des troupes alliées contre Napoléon en 1815, le quadrige retrouvé encore emballé dans des caisses fut renvoyé à Berlin. La place devint alors Pariser Platz, en référence au traité de Paris qui scella la défaite de la France de Napoléon. Après la Seconde Guerre mondiale, le quadrige détruit fut refait, sans la Croix de fer ni l’Aigle de Prusse, histoire de renouer avec ses intentions pacifiques originelles. Lors de sa dernière restauration, après la réunification allemande, malgré une vive polémique, le quadrige put enfin retrouver ses insignes de la Victoire.
Alexanderplatz
Sur cette place très fréquentée, la tour de télévision de 368 mètres inaugurée en 1969 par l’État communiste, surnommée “l’asperge” par les Allemands, est visible de toutes parts. Un restaurant panoramique tournant accueille les visiteurs à 207 mètres de hauteur. Il tourne sur son axe en 30 minutes (en 60 minutes, dit-on, du temps de la séparation !). Sur la place, la Fontaine de l’amitié internationale est également un vestige de l’époque de la RDA.
Passe un défilé de Trabant, surnommée “Trabi”, voiture fabriquée entre 1964 et 1990 par l’entreprise d’État est-allemande et devenue culte…
(Texte et photos : Françoyse Krier)
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