
Les rayons du soleil filtrent à travers les vitraux symbolisant respectivement le lever et le coucher du soleil…
L’ancienne piscine municipale de Roubaix avec ses ailes de bains publics a été bâtie entre 1927 et 1932, par l’architecte lillois Albert Baert, à l’initiative du maire Jean-Baptiste Lebas, sur le plan symbolique d’une abbaye cistercienne. Inaugurée en 1932, la piscine de Roubaix est un exemple remarquable de l’architecture Art déco. Elle est également l’emblème de la politique hygiéniste de cette ville industrielle à la croissance rapide, qui a sacrifié la salubrité de l’habitat au profit des cheminées d’usine. Le taux de mortalité y est le plus fort de France. Aussi, la piscine est dotée de baignoires pour se laver, d’un solarium, de salles de sudation et de musculation, d’un salon de coiffure et même d’une laverie… Il s’agissait alors d’éduquer une population tout entière à la toilette.


Autour du jardin intérieur, les salles de bains, toutes construites sur le même modèle, étaient distribuées sur deux niveaux. A l’étage, les vingt-deux salles de bains pour dames étaient dotées de baignoires. De même, au rez-de-chaussée, les hommes bénéficiaient d’impressionnantes baignoires maçonnées dans le sol. Ce niveau comptait 28 salles de bains, une salle de pédicure, une salle de sudation et une très grande salle de repos. Dans les baignoires comme dans le grand bassin, toutes les couches de la population se sont croisées…

et Jean-Baptiste Lully par Pierre Alexandre Schoenewerk

camaïeu de bleu, formant le rebord de la piscine
1985 a signé le glas de toutes ces belles années de baignade en raison d’une fragilité dans la voute. Ces lieux désormais désaffectés ont fait l’objet d’un important chantier de rénovation confié à l’architecte Jean-Paul Philippon. Les travaux commencés en 1998 s’achevèrent en 2001 transformant ce lieu d’exception qualifié comme “la plus belle piscine de France” en un magnifique musée.
Un décor unique et majestueux
C’est dans l’aile Est que se trouve le magnifique bassin aux sculptures et les cabines. L’eau, déversée par la gueule d’un lion (figurant Neptune, en grès), remplit le plan d’eau long de 40 mètres et se pare de reflets féériques projetés par les vitraux, notamment au lever et au coucher du soleil. Tout autour, des sculptures ont remplacé les nageurs de jadis. La lumière folâtre sur les gradins en bois formant un promenoir au bord de l’eau, sur lequel les visiteurs peuvent déambuler parmi les statues monumentales, témoignages de l’École Française de sculpture du XXème siècle : sirènes, baigneuses, danseuses, athlètes… Vestiges d'”avant”, les mosaïques de pâte de verre aux tons de bleu entourant la piscine. Cette galerie de sculptures est entourée par de nombreuses petites pièces : anciens vestiaires, salles de bain, cabines de douche… Le décor est planté et forme un ensemble de qualité d’où se dégage un sentiment de paix simple…

d’Hector Lemaire (1846-1933), sculpture en plâtre donnée au musée de Roubaix en 1904 par l’artiste


Grès cérame de la manufacture nationale de Sèvres
H. 500 ; L. 800 cm

André-Louis-Adolphe Laoust 1889,
sculpeur décorateur, staffeur (1843-1924)
Le splendide portique ~ 1913 ~ Alexandre Sandier
On ne peut passer à côté de cette œuvre tout en finesse qui préside l’extrémité de la galerie des sculptures du grand bassin. En 1897, l’administrateur de la manufacture de Sèvres, nomme à la direction des travaux d’art un architecte d’intérieur entré l’année précédente dans l’institution en tant que décorateur : Alexandre Sandier, formé aux Beaux-Arts de Paris, qui marquera fortement Sèvres. L’artiste (Beaune, 1843 – 1916) met au point un nouveau grès cérame, résistant à l’extérieur et utilisable dans des projets monumentaux. En 1900, la façade du pavillon de la manufacture, réalisée grâce à cette technique, connaît un grand succès. Pour l’Exposition Internationale de Gand, en 1913, il utilise un système de modules adaptables à diverses configurations pour marquer l’entrée de la bibliothèque de la section française. Talents conjugués d’artisans du décor… Démonté à la fin de la manifestation, ce portique aux allures de moucharabieh est envoyé à Roubaix où il sera remonté après la Première Guerre mondiale.


La Petite Châtelaine, 1895-1896 – Marbre
H. 44,2 ; L. 36 ; P. 29 cm
Achat avec le soutien de l’État (Fonds national du patrimoine),
de la Région Nord-Pas-de-Calais (Fonds régional d’acquisition des musées)
et l’apport d’une souscription publique en 1996
La petite Châtelaine ~ 1895-1896 ~ Camille Claudel
Camille Claudel et Rodin furent plusieurs fois les hôtes du château de L’Islette, près d’Azay-le-Rideau. Entre 1890 et 1893, Camille Claudel y séjourne à plusieurs reprises afin de se reposer. En 1892, elle fait poser Marguerite Boyer, 6 ans, petite-fille de la propriétaire du domaine, ce, pendant soixante-deux heures pour exécuter un buste dont il existe deux versions.
La Petite Châtelaine de Roubaix, la plus aboutie, fut commandée en 1895 à l’artiste, sur la recommandation de Bourdelle, par l’industriel Henri Fontaine. Le travail de la matière est un vrai défi technique. L’artiste qui signe alors ses plus belles œuvres, affirme une volonté farouche de se singulariser par rapport à Rodin dont elle se sépare. Plusieurs versions en sont exécutées de 1892 à 1896 : en terre cuite, en plâtre, en marbre et en bronze. Première sculpture acquise par un musée français grâce à une souscription publique, cette version ultime de La Petite Châtelaine est le chef-d’œuvre iconique des collections de La Piscine.



La “Joconde” du musée roubaisien
Le musée souhaitait ajouter à sa collection une sculpture en plâtre de Camille Claudel, intitulée “La Petite Châtelaine à la natte courbe“, mais n’a pu l’acquérir lors d’une vente d’œuvres de l’artiste. En visite à Roubaix, un collectionneur privé tombé amoureux de ce buste, s’en rend acquéreur et, souhaitant rester anonyme (jeune, il venait nager dans la piscine de Roubaix), décide de mettre l’œuvre en dépôt à Roubaix. “Une attitude extrêmement généreuse, qui fait de cette opération quelque chose de très intense pour nous“, s’exprimait Bruno Gaudichon.




asd

En 2021, La Piscine a fêtés ses 20 ans. Bonheur et fierté pour le sympathique conservateur, Bruno Gaudichon, à qui l’on doit l’idée de transformer une piscine municipale en musée… Originaire de Poitiers, ce précurseur a eu un véritable coup de cœur pour Roubaix et pour la piscine, pourtant en mauvais état lors de sa première visite. Celle qui était alors la seule française de plus de 100’000 habitants à ne pas avoir de musée, deviendra sa ville d’adoption à laquelle, 30 ans après, il demeure très attaché…
200 à 250 000 visiteurs viennent chaque année fouler le parquet du Musée La Piscine à Roubaix. Chaque week-end, visites guidées et animations jeune public permettent de (re)découvrir l’histoire du bâtiment, ses collections ou ses exposition temporaires.

Le musée de La Piscine de Roubaix, c’est aussi : un fonds textile allant de l’Egypte aux créations contemporaines; des vitrines qui présentent les céramiques de Picasso, Dufy, Chagall…; un parcours thématique racontant le goût des collectionneurs roubaisiens du XIXème siècle et de la première partie du XXème siècle (Bonnard, Vuillard, Fantin-Latour, Rodin, Claudel, Lebasque…); le Groupe de Roubaix et l’histoire de la Ville de Roubaix… Le Hall de la Piscine accueille aujourd’hui le restaurant du musée.
Quelques expositions à venir :

Dans les deux cabinets de dessins du premier étage du bassin, La Piscine présente tous les trois mois, un extrait de ses collections d’œuvres sur papier. Olivier Umecker, Sans titre, 2017-septembre 2021, collage, 29,7 x 42 cm


La Piscine s’associe à la Triennale internationale de céramique contemporaine, Ceramic Art Andenne,
en Belgique. Céramique sud-coréenne contemporaine.
Kwan Jeong, What to value, 2022, Faïence, Collection privée

Rolande Déchorain, Personnage aux environ de Biskra, 1920/1930. Gouache et aquarelle sur papier, Photo : A. Leprince

William Morris 1834-1899) : L’art dans tout
8 octobre 2022 – 8 janvier 2023
La Piscine propose de continuer son exploration des liens étroits qui unissent artistes, artisans, intellectuels en Grande Bretagne en mettant en lumière l’univers de William Morris et son apport fondamental dans la reconnaissance des arts appliqués. Jamais présentée en France, l’œuvre du visionnaire William Morris a fortement marqué son époque. Designer textile, écrivain, poète, peintre, dessinateur, architecte, fabricant, militant socialiste, écologiste et incroyable théoricien, William Morris a développé un œuvre complexe et a milité pour qu’on considère d’une nouvelle manière l’art et l’artisanat, mais aussi les artistes et les artisans de l’Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle. L’artiste affirme l’importance de toutes les formes d’art – peinture, architecture, graphisme, artisanat, littérature… Ses recherches formelles et historiques sur la culture Celte et le Moyen-Age nourrissent son inspiration et celles de ses amis artistes dont beaucoup appartiennent au mouvement des préraphaélites – Dante Gabriel Rossetti, Edward Burne-Jones, William Holman Hunt, John Everett Millais…- qui se crée autour de lui.
LA PISCINE 23, Rue de l’Espérance 59100 ROUBAIX
roubaix-lapiscine.com

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