Saint-Pétersbourg est citée comme une des plus belles villes du monde. Entourée d’un bel ensemble de palais, villes et couvents que l’on appelle l’Anneau d’Argent, la ville bâtie en l’honneur de Saint Pierre – vénéré en tant que gardien des portes du paradis – devait être la clé qui ouvrirait à la Russie la voie de la Baltique, de la puissance… La “belle aux mille visages” fut rebaptisée Petrograd en 1914, puis Leningrad à la mort de Lénine en 1924, avant de reprendre son nom d’origine en 1991. La ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1990.
Pierre le Grand décida de construire sa nouvelle capitale sur le modèle de la ville d’Amsterdam, dans un endroit situé non loin du delta d’un fleuve, semé d’îles et de bras d’eau. Il a fallu aménager des canaux, bâtir des ponts… En 1861, les géographes dénombraient 101 îles, mais depuis, des bras de la Neva ont été comblés et beaucoup d’îles ont été réunies. La ville qui occupe 44 îles a été bâtie selon un plan présentant un réseau géométrique des rues, et des avenues se croisant perpendiculairement, son noyau étant constitué par la forteresse Saint Pierre-et-Paul.
En 1714, Pierre Ier interdit de construire des maisons en bois et ordonna à tous les tailleurs de pierre, briquetiers et autres artisans de venir à Saint-Pétersbourg avec leur matériel de travail. Il fallait des pierres pour paver les rues : obligation fut alors donnée à tous les arrivants dans la ville d’apporter de 3 à 30 pierres, selon leur moyen de transport.
Devenue capitale en 1712, la ville connaît un développement régulier pendant trois siècles : création d’ensembles architecturaux, de vastes places tracées au centre de la ville par le néoclassique Rossi, dans le premier tiers du XIXeme siècle. Deuxième moitié du XIXeme et début du XXeme siècle : développement intensif de l’industrie, apparition de zones industrielles excentrées, quartiers reconstruits dans les années 1920-1930, dans des espaces de verdure. De nouveaux quartiers au sud, au nord et à l’ouest de la ville ont vu le jour dans les années 1960-1990. Aujourd’hui, les chantiers se déploient principalement sur la façade maritime de Saint-Pétersbourg, les côtes du golfe de Finlande.
Une belle unité architecturale
La ville fut bâtie principalement par des architectes italiens et français et dévoile désormais ses plus beaux atours : palais baroques aux couleurs pastel, théâtres néoclassiques, immeubles Art nouveau, coupoles à bulbes dorés, façades réhaussées de couleur…
Ce sont ces magnifiques façades qui bordent la Neva que l’on aperçoit depuis le débarcadère aux sphinx, sis près de l’Académie des Beaux-Arts lequel abrite aujourd’hui l’Institut de peinture, sculpture et architecture. Bâti en 1832, le débarcadère aménagé sur la Neva, est flanqué de deux sphinx égyptiens, placés sur des piédestals, entourés de banquettes en granit, de griffons et girandoles en bronze. Ces sphinx gardent le Pont de la Banque qui enjambe le canal Griboïedov.
Trouvés à Thèbes en 1820, ils ont été vendus aux Russes, selon la décision de l’empereur Nicolas Ier.
Lors de leur promenade, les Petersbourgeois viennent toucher leurs ailes, en formulant le voeu de… devenir riche. Sous les yeux des touristes, ils assènent une tape de la main sur la tête d’un griffon, ou mieux encore jettent une pièce de monnaie à partir du pont sur le piédestal où se trouve le petit oiseau de bronze Chizhik-Pyzhik. Si la pièce tombe dans la Fontanka (bras gauche de la Neva), c’est perdu. Mais si la piécette reste sur le socle alors le vœu sera exaucé !
Tout le long du quai, des marchants de souvenirs, nombreux “vendeurs du temple”, proposent casquettes, drapeaux, T-shirts à l’effigie du président Poutine (natif de Saint-Pétersbourg), châles colorés, et surtout des matriochkas, ces poupées de tailles décroissantes placées les unes à l’intérieur des autres…
Plus loin, la Pointe de l’île Vassilievski – en russe la Strelka – une des plus grandes îles du delta de la Neva. Sur la place Pouchkine, l’ancienne Bourse, où se trouvait le centre commercial de Saint-Pétersbourg dans les années 1805-18010, et qui abrite actuellement le Musée central de la Marine de Guerre. On peut y voir le bateau de Pierre le Grand et quelques-unes de ses affaires personnelles.
Amarré en face de l’Ermitage, la cuirassé “Aurore” – immortalisé en 1928 par Sergueï Eisenstein dans son film « Octobre » –, dresse sa haute et terrible silhouette. Ce bateau, un des emblèmes de Saint-Pétersbourg, est devenu célèbre pour son coup de canon qui donna, en 1917, le signal de la prise du Palais d’Hiver, la résidence impériale, et de la révolution d’octobre en Russie. Le croiseur a subi deux ans de rénovation et possède le statut de navire numéro un de la marine nationale russe.
L’ancien port de Saint-Pétersbourg
Sur cette place se dressent deux colonnes rostrales en granit, de 32 mètres de hauteur, ornées de statues de naïades et de rostres métalliques. A leurs pieds, de puissantes figures allégoriques représentant les voies d’eau de la Russie : la Volga, le Volkhov, le Dniepr et la Néva. Dans les vasques en cuivre, on brûlait la nuit de l’huile de chanvre. Ces flambeaux-phares indiquaient aux navires le chemin vers les quais. Le quai revêtu de granit descend en pente douce jusqu’à la Néva.
Balade en bateau au fil des canaux et des ponts
L’une des meilleurs façons de visiter la ville des rivières et des canaux est de faire une agréable balade en bateau qui permet de découvrir la ville et ses palais sous un autre angle. Plus de 70 rivières et canaux traversent la ville, surplombés d’environ 400 ponts. Des palais plus beaux les uns que les autres, des hôtels particuliers de la noblesse de Pétersbourg bordent ces canaux.
Huit ponts franchissent la Neva à Saint-Pétersbourg dont le pont Pierre le Grand, inauguré en 1911, et dont l’arche centrale sert de pont-levis.
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Chaque quai possède son cachet, selon qu’il enjambe une rivière ou un canal, et les ponts de St-Petersbourg – souvent oeuvres d’art – racontent l’histoire de la ville. Le pont Kirovski au dessus de la Neva, le pont Sini qui enjambe l’étroit canal de la Moïka, le pont Alexandre Nevski, le plus long, (907,5 m) sur la Fontanka…
Une balade romantique qui fait découvrir la ville d’une autre façon. Situé de long de la Moïka, l’immeuble Art nouveau abritant le magasin Au Pont Rouge, réputé au temps où toute la haute société russe parlait français, devenu centre commercial qui accueille depuis peu de nouvelles boutiques, la boutique Cartier agrémentée de rouge… côtoient des petits et grands palais, comme le Château Mikhaïlovski (des Ingénieurs) et le “petit” Palais d’été de Pierre Ier, sis fièrement au milieu de parcs boisés.
Lors de la balade un jeune garçon s’est mis à courir de pont en pont, nous faisant de vastes saluts, voire des cabrioles, et réalisant un score de près de 6 kilomètres, le temps de notre balade sur les canaux. A l’arrivée, le jeune amuseur eut droit aux exclamations de surprise, aux questions et félicitations, ainsi qu’un pourboire en guise de récompense pour cette sympathique prestation. Amusement ou contrainte ? Nous ne le saurons pas mais avons espéré que ce jeune ado passe davantage de temps à l’école que sur les ponts…
La magie des Nuits blanches de Saint-Petersbourg
La balade en bateau en juin, au moment des Nuits Blanches, est un incontournable de Saint Pétersbourg ! La ville sur laquelle la nuit ne tombe jamais complètement offre alors un spectacle féérique, se dévoilant au fil de la Neva et de ses nombreux ponts levés.
En raison de sa situation géographique (60° de latitude nord, en dessous du cercle polaire), le soleil ne disparaît quasiment pas de l’horizon et la nuit, il fait jour. Les monuments illuminés, telle la forteresse de Pierre et Paul, brillent de mille feux. Les habitants de Saint-Pétersbourg profitent de l’occasion pour s’adonner à des activités, des promenades, des fêtes nocturnes et participer à des festivals. Le plus prestigieux, Les Etoiles des nuits blanches, est LE festival de danse et musique classique qui se déroule dans les nombreuses salles de concert de la ville. Les amateurs de jazz, de rock ont aussi de quoi être comblés…
Car Saint-Pétersbourg respire l’art et les sciences, et comment ne pas penser au domaine du ballet : Anna Pavlova, Roudolf Noureyev et Mikhail Barichnikov, nés à Saint-Petersbourg, vécurent leurs premiers succès au Théâtre Mariinsky. De nombreux compositeurs écrivirent leurs oeuvres, parmi eux Pierre Ilitch Tchaikovski, Dimitri Chostakovich qui retransmit la première de sa 7ème symphonie en 1942 à la radio alors que la ville était encerclée, oeuvre nommée aujourd’hui encore, la “symphonie de Léningrad”.
Texte et photos : Françoyse Krier
